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25 septembre 2010

Les Nuits de Chicago (Underworld) (1927) de Josef von Sternberg

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Un film à l'origine des films américains de gangsters ? Il y a forcément quelque chose à y trouver surtout quand c'est Von Sternberg - qui fait, bizarrement, enfin une entrée shangolienne... - à la baguette. Des règlements de compte avec pétarades, des mecs couillus taillés dans des jarrets, une blonde et une brune toutes mignonettes,  une justice qui pend haut et court, un soupçon de sensualité bienvenu, quelques grammes de douceur féline dans ce monde de brutasses - avec des chatons croquignolets à souhait -, des personnages impeccablement capés, des retournements de situation et un rythme joliment soutenu, il faudrait vraiment faire la fine bouche pour ne point y trouver son compte. Comme en plus Criterion vient d'éditer une petite trilogie silencieuse du sieur, on ne peut qu'avoir les papilles qui s'humectent d'avance.

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Bull Weed (George Bancroft, porcin) et Buck Mulligan (Fred Kohler, porcin moustachu) sont deux gaziers de la pègre qui sont faits l'un et l'autre pour s'affronter. Comme le Bull a pris sous son aile la bien nommée "Feather" à la taille de grive et au regard corbeau, et que le Buck est jaloux en diable de voir son ancienne conquête entre les mains de ce gros bras hâbleur, on devine qu'il y aura du rififi dans l'air. Un quatrième quidam, Rolls Royce (Clive Brooke, des yeux d'alcoolo qui colle au rôle même si le type sait faire preuve par la suite d'une certaine finesse) espère bien également tirer son épingle du jeu auprès de cette brune opportuniste : Bull Weed a sorti le gars Rolls Royce de sa misère, mais entre la douceur de la fine fleur Feather et la fidélité à son nouveau boss, son coeur balance indéniablement... Lors d'une fête à tout péter (une véritable débauche de serpentins) entre gros bras de cet Underworld, les dés vont être jetés : Bull, loin d'être aveugle, demande au gars Rolls de la jouer un peu moins à la coule avec Feather (il l'invite à danser sans demander l'autorisation au Bull, ça se fait po) et voit carrément rouge quand Buck met ses sales pattes sur une Feather toute froissée. Bull dézingue proprement Buck, se retrouve condamné à mort, c'est le tournant du match et du film : Rolls va-t-il s'envoler avec sa "Plume" ou être capable de rendre la monnaie de sa pièce au "Taureau" "enferré" ?...

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Quelques séquences pleines de grâce (amen !) parfaitement mises en scène par un Von Sternberg inspiré (quand les belles idées imagées se passent de mots) nous envoûtent sous leur charme : une petite plume qui se détache du manteau de Feather et vient finir sa course au pied de Rolls - on comprend d'entrée de jeu que le gars ne pourra résister à ce bel oiseau qui lui tombe du ciel -, un Bull traqué par la police qui prend la peine de donner quelques gouttes de lait à un chaton en maraude - sous sa carcasse porcine, il y a un petit coeur qui bat -, ou encore une gerbe de fleur funéraire préparée à l'avance qui pourrait bien "se retourner" contre son propriétaire un peu trop confiant... J'évoquais également les petites touches de sensualité que l'on retrouve au niveau de dialogues à double tranchant - "Since when haven't you been washed and polished, Rolls Royce ?" lui dit notre amie plume chafouine - ou de petites attentions coquines - Feather venant se frotter contre un Rolls qui fait mine de ne plus être attiré par les femmes, Feather caressant langoureusement la main de ce même Rolls ou encore les quelques baisers qu'ils échangent, cinématissimes. Bull a tout du type brut de décoffrage - sa façon de tordre une pièce avec une main... - mais il peut encore avoir la possibilité de trouver la rédemption à l'image d'un menaçant Lon Chaney finalement touché au coeur dans un film de Browning... Qui dit film de gangsters dit échange de coups de feu faisant voler en miettes le décor, et même dans ce registre Von Sternberg se montre particulièrement efficace. Bref un excellent film à ne pas passer sous silence.      

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