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Shangols
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17 septembre 2010

L'Atlantide (1961) d'Edgar G. Ulmer (Giuseppe Masini et Frank Borzage, réalisateurs non crédités)

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Coup de bol pour Frank Borzage d'être tombé malade après une poignée de jours de tournage - les scènes dans les déserts ? ; son nom n'apparaît point au générique et cela lui permet de ne point achever sa filmo par une terrible fausse note. L'Atlantide est une grosse série B - genre film d'aventures pour dimanche aprèm quand on était tout ptit - qui vaut particulièrement le détour pour ses dialogues fendards malgré eux - un film qui commence par "Y'a pas, faut qu'on réponde" annonce la couleur au niveau des dialogues à deux balles. Je ne suis cela dit pas peu fier d'avoir enfin pu voir cette oeuvre collector - l'odyssée borzagienne a belle allure dorénavant -, d'autant que je ris encore de certaines phrases absolument hallucinantes ainsi que de l'interprétation de ce pauvre Jean-Louis Trintignant qui joue comme un cochon - heureusement, tous ses partenaires sont au diapason : ses deux compagnons John (Georges Rivière...) et Robert (James Westmoreland - mon Dieu !) sont affreux, le grand Tamal (Amedeo Nazzari, eheh) voit son charisme foutu en l'air par sa moumoute gris-bleu ; quant à l'héroïne, Antinea (Haya Harareet, youplaboum, genre de mix raté entre Michèle Mercier et Brigitte Bardot), il n'y a que lorsqu'elle met en avant ses deux gros seins joliment désignés qu'on peut supporter la regarder "jouer" - si le mot a encore un sens.

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Pauvre Pierre Benoît qui a dû se retourner dans sa tombe ensablée à la vision de cette adaptation ultra kitschouille. L'histoire est censée se passer dans le désert, mais je soupçonne Ulmer d'avoir tourné les extérieurs dans les gorges du Pouchelon... Quant aux décors en studio, on sent le carton pâte même à travers l'écran de la téloche, la meilleure séquence demeurant celle où les esclaves feignent de donner des coups de pioche dans cette roche en papier mâché - trop fort. L'Atlantide, c'est donc avant tout un festival de mots, le film bénéficiant des dialogues les plus savoureux de toute l'histoire du cinéma d'aventures. Il faut imaginer un Trintignant sérieux comme un Pape, qui, dans l'idée de repêcher un homme qui se noie dans une rivière située dix mètres en contrebas, lance à son compagnon : "Tiens-moi par les chevilles!" - les deux minutes qui suivent (le plan sur ses deux mains qui se rejoignent ferait pleurer Michel-Ange) sont sûrement l'un des sommets de la carrière du Jean-Louis. Notre homme se retrouve donc paumé dans le désert - l'hélico ayant été bêtement pris dans une tornade - avec ses deux intrépides compagnons, John et Robert (!). Ils ne tardent point à se faire kidnapper par une bande d'individus sauvages qui va les conduire tout droit en Atlantide - gasp ! Quand Robert aperçoit pour la première fois Antinea, il fait au grand chef Tamal cette réflexion ultra spirituelle : "Alors là je vous comprends. Vous avez su choisir une jolie fille !"... On n'en croit pas nos oreilles, même si le meilleur reste à venir : Trintignant a eu beau mettre en garde Robert ("Antinea, c'est pas une fille pour un gars dans ton genre!" - lol), le Bob va se taper cette reine très avenante et peu farouche. Cela va rendre totalement vénère notre gars Tamal et la discussion qu'il aura ensuite avec Antinea sera d'anthologie :

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Antinea, qui a du répondant : - Je veux vivre, je suis jeune, beaucoup plus jeune que toi. Je n'ai vu Robert que quelques jours mais il compte pour moi beaucoup plus que toi après toutes ces années.
Tamal, tout dépité : - Ainsi tu l'aimes. Combien de fois j'ai pensé que l'amour apparaîtrait dans ta vie. C'est une loi naturelle pour toute femme...

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Une loi naturelle pour toute femme... Il faut absolument que j'apprenne ces dialogues par coeur... Trintignant aura aussi son grand moment de gloire quand, entre deux petits sourires qui l'ont rendu célèbre, il aura cette magnifique discussion avec la servante Zina - cette dernière veut s'enfuir avec le Jean-Louis, prisonnier qui n'a d'yeux que pour elle, car un essai atomique est prévu dans le coin et risque "d'engloutir" l'Atlantide, définitivement cette fois - pas plus mal, mouais.

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Zina, aux abois : - Je ne veux pas mourir!
Trintignant, confiant et consolateur : Zina, ce serait une injustice. Tu es trop jolie [gros lol là quand même]... Nous fuirons. Il faut que nous vivions tous les deux [ehehe, ben tiens].

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Heureusement, entre deux grands moments littéraires, il y a les scènes d'action - aime bien la mitraillette, Ulmer - et notre lot d'hommes qui ne peuvent s'empêcher de lâcher un gros arrrgggggggggggggh avant de mourir et exécutent une dernière pirouette. Le summum de ces grands moments de tension, c'est à n'en point douter lorsque la mitraillette de Robert s'enraye : la tronche qu'il tire quand il regarde son arme traîtresse devrait lui valoir un bon pour des cours à vie à l'Actor's Studio... Je ne m'en lasse pas, je me passe la scène en boucle. Et que dire ensuite, mes amis, du plan sublime où, alors que Robert est face à Tamal, ce dernier est cadré entre les jambes de notre Bob - le plan le plus chic et poilu jamais vu par votre commentateur. Bref, cette Atlantide n'est vraiment que du pur bonheur et je vous engage à vous mettre à sa recherche dans les plus brefs délais. De grands moments de poilade en perspective, vous avez de la chance. 

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