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1 septembre 2010

SERIE : FlashForward de Brannon Braga & David S. Goyer - 2009

flash_forwardIl y a quelque chose du mécanisme qui tourne à vide dans cette série. A force de voir leurs aînés faire des points d'audimat avec l'accumulation de coups de théâtre (24), les créateurs de FlashForward ont tenté le scénario ultime : chacun des 22 épisodes comporte au minimum 30 coups de théâtre. Un mouvement irrépressible qui donne au bout du compte l'inverse du but recherché : au lieu de captiver, la série tourne à vide, donc, complètement prisonnière de son goût de la surenchère. Le pitch de départ : l'humanité toute entière s'endort en même temps, et pendant 2mn17 entrevoit ce qui va arriver le 29 avril suivant. C'est cool pour ceux qui se voient amoureux ou président des States, plus fâcheux pour ceux qui se voient traqués par des tueurs, voire pire, pour ceux qui n'ont aucune vision, preuve qu'ils seront morts d'ici là. Dès lors, deux chemins : ceux qui tentent d'échapper à leur futur, ceux qui tentent de le rattraper ; sans compter ceux qui tentent de comprendre pourquoi ce flash a eu lieu. Attrayante petite idée.

flashforward1Mais première erreur : on connaît dès le départ la teneur des flashs de chaque protagoniste de l'histoire ; du coup, la série est écrite d'avance, on sait comment tout ça se terminera. Si bien qu'on se demande pourquoi ils se démènent tant pour que le 29 avril se déroule comme ils l'ont entrevu : à quoi sert de tenter de trouver la femme qu'on a vue en rêve si on sait que de toute façon, elle sera là le jour J ? La série s'écroule très vite dans ce piège pourtant énorme : pas de suspense, une course effrénée vers le dernier épisode (le jour J, donc) qui tente de meubler le manque d'enjeu par des mini-trames sans épaisseur. Celles-ci sont parfois franchement ridicules, comme cette partie de poker entre deux scientifiques pour savoir s'ils vont oui ou non annoncer leur responsabilité dans le déclenchement du flash. En tout cas jamais crédibles : les policiers sont vraiment des génies purs ; s'ils trouvent une pièce d'échecs ou une miette dans leur beurre, ils en déduisent immédiatement qu'il y a eu un complot en Angola ou que le méchant est caché sous l'évier. Columbo peut aller se rhabiller.

FF3Deuxième erreur : ... euh, tout le reste... Acteurs pourris (qui n'ont d'ailleurs rien à défendre, les personnages étant complètement phagocytés par la trame), musique poisseuse, mise en scène clicheteuse, caméra à l'épaule même dans les scènes dialoguées (question de budget ou c'est pour faire comme les autres ?), lumières incompréhensibles (comment peut-on dormir dans une chambre aussi bleue avec des rais de lumière qui tombent des soupirails comme dans un film d'épouvantes des années 30 ?) accumulations d'invraissemblances... On ne cesse de soupirer devant cette hystérie de scénariste, qui monte son récit comme on cuisine des lasagnes (couche sur couche sur couche, jusqu'au débordement), et qui oublie qu'une bonne série, c'est aussi des personnages forts, des ruptures de rythme (ma référence reste l'épisode entier de Breaking Bad construit autour d'une mouche). Avec FlashForward, le genre atteint sa limite : espérons que les auteurs sauront s'appuyer sur cet exemple de ratage pour trouver d'autres voies.

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