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GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
25 juin 2010

Un Film comme les autres de Jean-Luc Godard (groupe Dziga Vertov) - 1968

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Voilà le film le plus simple de Godard, tout bonnement. En ces temps troublés et excitants de 68, le bon JLG décide de se la jouer pédagogique, et de laisser aux vestiaires ses montages-puzzles et ses discours brumeux : on assiste à une exposition concrète et directe des théories marxistes-révolutionnaires, au travers de trois choix précis : 1/ une discussion dans les prés entre étudiants, ouvriers, artistes, tous voués à la cause du prolétariat et des lendemains qui chantent l'Internationale ; 2/ un montage d'images de manifestations et autres actes de révolution dans les rues ; 3/ des citations pointues en voix off, qui vont de Brecht à Debord. C'est didactique, simplissime dans le procédé, et ma foi très intéressant. On suit avec intérêt (même si le film est trop long) ces discussions passionnées entre jeunes engagés, qui tombent peut-être souvent dans la pure ratiocination mais restent toujours habitées d'une saine révolte.

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Une révolution est-elle forcément violente ? faut-il être syndiqué pour être contestataire ? les intellectuels peuvent-ils lutter de front avec les ouvriers ? quelle est la place de la culture dans une société revue ? peut-on éviter, une fois la lutte finie, de devenir à son tour les "garde-chiourmes du prolétariat" ou les bourgeois qu'on combat ? Autant de questions fumeuses mais captivantes que Godard filme dans leur plus simple appareil : il garde la distance physique nécessaire (on ne voit presque pas les visages, la caméra est souvent à plusieurs mètres du petit groupe, qui est caché par les herbes), et laisse la parole circuler à bâtons rompus, n'évitant pas les flous et les hésitations. Au regard de ces échanges verbaux, les images d'action sont passionnantes, prises sur le vif des manifestations, et on contemple avec fascination cette génération qui a su pendant quelques temps se rebeller, dans l'excès et la foi, contre l'establishment. Quant aux citations, elles sont judicieusement choisies pour ajouter une touche de sérieux théorique à ce semblant de foutoir. Dès que nos jeunes gens deviennent un peu longs ou confus, notre Godard les coupe en envoyant une de ces voix-off posées qui recentre le débat.

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On cherche, comme d'habitude, le vrai but de ce film, partagé entre deux impressions : soit Godard veut se moquer de ces intellos, les filmant dans un champ innocent, les écoutant se prendre la tête alors que dans la rue la colère gronde ; dans ce cas, Un Film comme un autre est diablement ironique et désabusé, prônant le passage à l'acte de façon très caustique. Soit le film est sincère (et je pencherais plutôt pour cette solution), envisageant la révolution comme un mélange entre théorie et pratique, et usant d'une distanciation précieuse pour présenter les différentes formes que peut prendre le combat politique ; dans ce cas, on est dans le brechtisme total, référence importante dans le cinéma de Godard à cette époque. On ne sait pas trop, tant le film s'efforce de cacher son auteur (pas de générique, pas de crédits) pour laisser toute la place à l'intelligence du spectateur et à la nécessaire révolte de cette époque. Voilà une sorte d'antithèse à Vent d'Est, qui se fourvoiera dans la mégalomanie d'un cinéaste convaincu d'avoir raison ; ici, on écoute, on réfléchit, on regarde le résultat, et on ressort de ce film un peu trop long avec la conviction que ces "évènements" de mai 68 ont été vraiment précieux pour l'évolution de notre société : un temps où on savait réfléchir, être en colère, agir, et se dresser contre. Bon moment d'engagement, utopique et concerné, à projeter devant la jeunesse actuelle histoire de la voir à son tour taper du poing.

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God-Art, le culte : clique

Commentaires
G
Effectivement, c'est cher. Va pour l'illégalité. Merci !
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G
Je l'ai vu dans des conditions que la loi réprouve, ami Griffe, mais sachez qu'il existe un joli coffret réunissant les travaux de Godard au sein du groupe Dziga Vertov : http://www.zonadvd.com/modules.php?name=News&file=article&sid=15011<br /> Bon, il coûte l'équivalent d'un réfugié thaïlandais, certes, mais quand on aime...
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G
Mince alors, où l'avez-vous vu ?
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