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14 juin 2010

La Trilogie du Sabre (Vol. 1) : Tuer (Kiru) (1962) de Kenji Misumi

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Dès les premières images, on retrouve ce qui fera la patte de Misumi (quatre Baby Cart à son actif, entre autres), à savoir des des plans cadrés au micron qui utilisent à la perfection le format scope. Ca commence en silence, paisiblement, avant qu'une femme la lame à la main se jette sauvagement sur sa maîtresse "félonne" : le ton est donné dans ce film très noir, sans vraiment d'affect, où de soudains éclairs de violence, comme un rayon du soleil capté brutalement par un sabre (hein?), viennent fugacement émailler la trame. Un premier opus qui ne respire pas vraiment la joie de vivre, les cadavres s'amoncelant sur la route du jeune héros (Takakura Shindo), que ses proches se fassent tuer ou qu'il leur rende justice. On savait que notre gazier était né sous "une mauvaise étoile", c'est rien de le dire vu la poisse qui lui colle aux basques. Pierre Richard se fait tout petit.

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Dès le départ du récit, Misumi nous sert deux ellipses, une première de vingt-et-un ans (Shindo passe de bébé à jeune homme en un tour de main) puis une seconde de trois ans (il voyage... on en saura guère plus si ce n'est que ses talents d'observateur profiteront à son art du sabre). Cet orphelin recueilli dès la naissance semblait voué à passer des jours paisibles auprès de son père adoptif et de sa soeur de lait. Erreur. De retour d'une ptite ballade, il retrouve l'une morte et l'autre agonisant, juste le temps pour ce dernier de lui parler de ses origines (il lui raconte le secret de sa naissance pendant des plombes (du meurtre commis par sa mère à sa décapitation) juste avant de lâcher un dernier râle : bon timing tout de même) ; notre homme part alors seul sur la route, déjà détruit : à peine le temps de se faire une amie que cette dernière se retrouve percée de toute part... Sa mère, sa soeur, sa première rencontre, une trilogie féminine décimée qui marque forcément l'esprit de notre pauvre Shindo. Il s'engage alors auprès d'un seigneur honnête et droit qui a le don de s'attirer des ennuis : l'occase pour Shindo, défendant son maître, de montrer la finesse de sa lame et de régler ses comptes avec les ennemis de son passé.

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En soixante-dix petites minutes qui passent comme un coup de sabre dans une merguez, on assiste à cette trajectoire maudite sans qu'on ait vraiment le temps de s'épancher sur les malheurs de Shindo : à peine quelques instants de tranquille sérénité (avec sa soeur, auprès de cette amie de hasard qu'il fourre dans son lit pour la cacher ou de son nouveau maître) qu'il est assailli par une poignée de types enragés. Les combats sont ultra lapidaires et la caméra de Misumi qui panote comme un coup de rasoir sur une toile peinte fait merveille ; à peine le temps de dire ouf que sa nouvelle amie (toute nue, gosh) se fait trucider, et ses ennemis de connaître par la suite le même sort : qu'il s'agisse d'une somptueuse séquence en rase campagne où quatre ou cinq cadavres tombent avant même d'avoir eu le temps de lui dire bonjour, ou d'une scène nocturne au bord de l'eau où une ancienne connaissance s'écroule sans avoir eu l'opportunité de lui faire un clin d'oeil, on est dans l'efficacité brutale. Misumi soigne toujours avec bonheur son esthétisme, mais il est en revanche un peu plus difficile de s'attacher aux différents acteurs de cette tragédie, Shindo compris : pas une once de gras dans l'enchaînement des séquences, et on aimerait parfois s'arrêter notamment un peu plus sur les états d'âme de notre homme définitivement maudit... Mais c'est sûrement pas le but. Coup de bol, cela dit, il reste deux volets pour faire plus ample connaissance avec notre héros [Ah ben non, en fait,  chaque film se suffit à lui-même... Faut donc revoir le premier en boucle si on veut se familiariser avec Shindo]             

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