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11 juin 2010

Les Aventures de Robin des Bois (The Adventures of Robin Hood) de Michael Curtiz - 1938

1938_gallery_robin_hoodAh ben qu'est-ce que vous voulez, c'est un classique, hein. Difficile de faire la fine bouche devant ce festival de sucre en technicolor : on en connaît par coeur tous les épisodes (même si on ne l'a jamais vu : tout y est sur-attendu), on frissonne devant la kitcherie complète de l'entreprise, mais ça fonctionne depuis toujours, et ça fonctionnera encore dans 5 siècles. The Adventures of Robin Hood, c'est comme tous les grands films hollywodiens de cette époque : ça vous ramène sans ambage en enfance, ça vous replonge dans une sorte d'état bienheureux et béat où tout sens critique s'évanouit au profit du plaisir de la régression dorée.

Alors, certes, on pourrait relever tout ce qui ne va pas là-dedans : par exemple, une mise en scène somme toute très fonctionnelle, bien qu'irrépochable, qui s'efface complètement devant la trame, qui ne tente rien d'autre que de filmer ce qu'il y a à filmer pour qu'on puisse suivre l'histoire sans trop réfléchir. Les scènes de dialogue sont particulièrement ternes, avec ces champs/contre-champs fadasses et scolaires qui privilégient toujours la jolie photo de studio plutôt que la logique de l'espace : Curtiz, fasciné par la plastique d'Errol Flynn, a visiblement beaucoup travaillé la chouette lumière qui tombe en biais sur le visage de son idole, mais il oublie un peu de concevoir ses plans de façon crédible. Tant pis, il a raison : Flynn est beau comme un coeur, tout comme la petite Olivia de Haviland. Ces deux-là n'ont pas untitledgrand-chose à faire pour être bons, les maquilleurs, chefs-op, costumiers et autres coiffeurs se chargent de les rendre glamour quoi qu'il arrive. Placés dans des décors de forêt vert pomme ou des intérieurs d'une élégance totale, ils pourraient manger du munster par pelletées qu'ils ne perdraient rien de leur charme. Flynn ne se contente d'ailleurs pas de ça : il est littéralement bondissant, lors de ses duels à l'épée, à l'arc et au bâton, comme lors de ses discours à ses compagnons d'armes. Même quand il dort, il bondit. Physique du début à la fin, il ne tient pas en place, et insuffle au film une énergie communicative : c'est joyeux comme tout, échevelé, sans arrêt tonique.

Même si le personnage de Robin Hood pourrait être discutable (politiquement, s'entend : qu'est-ce qu'il fait, à part reproduire un modèle royaliste et inique ? Son "dépouillement des riches au profit des pauvres" s'arrête au petit groupe de ses compagnons de révolution, qui dévorent en deux minutes les trésors amassés ; son asservissement au roi Richard apparaît comme un renoncement bien gênant ; et sa conception de la virilité fait frémir), on s'attache à lui sans trop se poser de question. Face à lui, les méchants sont excellents. Comme toujours il s'agit de Claude Rains et Basil Rathbone, mais ici utilisés dans tous leurs clichés : capiteux, efféminé, Rains est excellent en négatif de Flynn, précieux quand l'autre est effronté, lent quand l'autre ne tient pas en place ; Rathbone est quant à lui THE vilain par définition, jaloux, vénal, brutal avec les filles, plein de adventuresofrobinhood4morgue, et a droit à un duel final parfaitement bluffant. Tout le reste est à cette hauteur, et on sent bien que la production a su s'entourer des meilleurs professionnels à tous les postes, jusqu'au dresseur de chevaux ou à l'accessoiriste (qui a déniché des cuissots de gibier incroyables). Curtiz n'est qu'un artisan au milieu de toute cette fine équipe, et n'en fait pas plus que ce qu'on lui demande : glorifier Flynn, plaire au public, lui éviter de penser, et raconter une histoire éternelle. Du coup, dès qu'il a une idée même petite (filmer un complot politique depuis une cheminée, en plaçant la caméra derrière les flammes), ça apparaît comme un coup de génie. Voilà : c'est du travail parfait, con comme un panier mais impeccable et irrépochable. Une grande hollywooderie démodée, et même hors-mode.

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