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Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
7 juin 2010

Dark Tales of Japan (Suiyô puremia : sekai saikyô J horâ SP Nihon no kowai yoru) de la fine fleur de la série Z japonaise - 2004

C'est surtout pour le petit film de Shimizu que je me suis tapé cette production fauchée constituée de 5 sketches horrifiques réalisés par Yoshihiro Nakamura, Masayuki Oshiai, Kôji Shiraishi, Norio Tsuruta, et donc le bon Takashi. Résultat des courses : on assiste à un téléfilm très inégal qui n'est pas sans rappeler les vieilles séries de notre adolescence, genre Contes de la Crypte, ce qui, je vous l'accorde, n'est pas esthétiquement excitant. Les gars ont le mérite de réussir ici ou là quelques effets, alors qu'ils ont visiblement 3 yens pour réaliser leur film ; mais l'ensemble est bien poussif, au bord du grand-guignol, et en tout cas jamais effrayant.

vlcsnap_2010_06_06_22h50m49s36Ca commence avec une femme-araignée issue directement des films d'épouvante des années 50. Alors qu'il pourrait avoir une thématique intéressante (le trouble entre fiction et réalité qui s'installe dans les légendes urbaines), ce sketch de Nakamura ("The Spiderwoman") s'enterre sous une volonté de spectaculaire totalement ratée. Pas de personnages, pas de suspense, une créature aussi effrayante qu'une peluche... Ca commençait pourtant bien avec une première séquence intrigante, où ce qui effraye n'est pas ce qu'on voit, mais la terreur qu'on lit sur le visage de la victime qui, elle, voit... Joli montage de cette séquence initiale, où une vague forme monstrueuse aperçue de loin suffit à créer l'angoisse. Ensuite, c'est sans intérêt.

vlcsnap_2010_06_06_23h00m25s170La partie de Tsuruta ("Crevices") est plus intéressante : c'est une variation sur le Kaïro de Kurosawa, avec ces mêmes secrets dissimulés derrière des portes occultés au scotch. L'intérêt, c'est que Tsuruta n'essaye pas de raconter une histoire : il ne produit qu'une séquence libérée de toute trame, uniquement concentrée sur l'effet de peur. Bon, les effets spéciaux sont bien trop nazes pour vraiment faire peur (une main crochue achetée à "Tout pour la Fête" et on n'en parle plus), mais le film est rigolo par cette sorte de compilation des moyens pour foutre les jetons qu'il déploie. Les plans sont bien rythmés, classiquement pour ainsi dire, et ce sketch finit par être un véritable travail d'école sur la montée de l'angoisse dans le cinéma d'horreur japonais récent. Peut-être la partie la plus réussie.

vlcsnap_2010_06_06_23h21m46s179"The Sacrifice" de Shiraishi est beaucoup plus laborieux, alors qu'il se prend au sérieux comme pas possible (ce qui n'est pas le cas de ses collègues). Contrairement à Tsuruta, Shiraishi charge son machin d'une trame très alambiquée, mélangeant les serial-killers sataniques, une malédiction familiale et une héroïne prophétique qui a des visions de monstres gélatineux. Il aurait fallu trois films pour évelopper correctement cette trame, le gars prend 20 minutes, et mélange tout dans un patchwork esthétique indigeste. A sa gloire, notons une comédienne d'une beauté sidérante, et un très joli noir et blanc dans les séquences de flashs-back. Ca satisfait l'oeil, au moins,à défaut du reste.

vlcsnap_2010_06_06_23h49m26s138On se cale dans son fauteuil pour aborder le sketch de Shimizu ("Blonde Kwaidan"), mais on déchante très vite : le gars bâcle un truc de 5 minutes montre en main, qui n'a pour originalité que de transformer le classique personnage du fantôme féminin (ordinairement caché par ses cheveux noirs) par une blonde fatale hollywoodienne. Mal joué, trop rapide, incompréhensible dans sa narration, ce film permet quand même de vérifier une nouvelle fois le peu d'intérêt de Shimizu pour les scénarios (ce qui me le rend très attachant), le gars préférant creuser des expériences formelles plutôt que de chercher un quelconque lien "sémantique" entre ses plans. Le souci, c'est que la forme est moche et ratée pour cette fois.

vlcsnap_2010_06_06_23h54m37s175Enfin, "Presentiment" de Oshiai est charmant, parce qu'il rappelle un vieil épisode de Twillight Zone : un homme se retrouve enfermé dans un ascenseur avec trois personnages bizarres, dont on apprendra très vite qu'ils sont des messagers de la Mort envoyés en escorte pour emmener notre homme dans l'au-delà. Oshiai tient bien le côté lieu unique, sait faire monter la pression grâce à la variété de ses plans et le talent de son acteur principal. C'est cousu de fil blanc, légèrement ringard, mais ça se regarde gentiment grâce à la modestie du scénario (le gars ne cherche pas à nous terroriser, juste à nous faire passer un petit moment inquiétant). Finalement, c'est Oshiai qui comprend le mieux le projet global : ne pas se la pêter, ne pas s'affirmer en grand auteur, juste faire passer 20 minutes agréables.

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