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1 juin 2010

La Lune était bleue (The Moon is blue) (1953) d'Otto Preminger

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Si vous cherchez une petite comédie romantico-pétillante avec des acteurs qui semblent savourer la moindre ligne de leur quinze mille répliques, cette oeuvre de Preminger est pour vous. Pour les fans de Shakespeare ou de film noir, passez votre chemin. Adaptée d'une pièce que Preminger avait lui-même mise en scène à Broadway et tournée dans un appart à la déco ultra-minimaliste, cette oeuvre de pur marivaudage vaut surtout par la légèreté du jeu de ses acteurs (joli casting : William Holden, David Niven, la chtite Maggie McNamara - un minois à la Audrey Hepburn - et la charmante Dawn Adams), mais aussi par la parfaite fluidité dans l'enchaînement des séquences (Preminger, en studio, est définitivement loin d'être un manchot); c'est plus bavard qu'un Rohmer et dix fois moins profond, mais pour peu qu'on soit de bonne humeur, le film passe comme une lettre à la poste. Le film semble entouré d'un petit parfum de scandale à l'époque (le premier film hollywoodien à briser le fameux code Hayes, en utilisant les mots "vierge", "maîtresse" et "séduire" - so shocking!) ce qui ferait forcément aujourd'hui doucement rire... Même si Dawn Adams est sensuelle à souhait dans sa baignoire ou dans ses dessous noirs sous son manteau (hummm), et que la Maggie, qualifiée savoureusement de "vierge professionnelle", n'a pas vraiment froid aux yeux (pas du genre à faire un drame d'un baiser volé) sous ses airs mutins, l'ensemble reste quand même mignonnement gentillet. Mais bon, les dialogues fusent, les personnages (surtout la Maggie) bénéficient d'une petite pointe d'originalité savoureuse, et c'est déjà pas si mal.

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Une rencontre borzargienne en haut de l'Empire State Building, un Holden plutôt entreprenant face à une Maggie, sans le sou et guère farouche, faisant preuve d'un soupçon de naïveté déstabilisant, et nous voilà lancés dans un flirt de quatre-vingt dix minutes qui se conclura, on en est déjà certain, par un long baiser langoureux. L'homme, "de fil en aiguille" (littéralement puisqu'il a perdu un bouton à son manteau : sempiternel prétexte mâle pour demander l'assistance d'une pimpante jeune femme), ramène la donzelle dans son bureau, puis chez lui. Deux trois personnages viendront perturber ce petit dîner "amoureux" en tout bien tout honneur (une ex de William un tantinet frustrée qui lui reproche son manque "d'action"; le père de cette dernière, David Niven, alcoolo (but so british) en quête de chair fraîche (so politically incorrect!... mouais n'exagérons rien); ou encore le pater irlandais de la Maggie qui fera une brève mais brutale apparition). Séduction, quiproquo, mini gaffes, petites scènes de jalousie, et ça papote, ça papote et ça papote. A ce petit jeu-là, Maggie McNamara remporte la palme, s'enivrant de son propre flux de parole incessant. Elle pourrait finir par être gavante, mais sa franchise et sa candeur finissent par emporter le morceau - et le William. C'est loin d'être du lourd dans la filmo d'Otto, mais sa mise en scène tourbillonnante sans jamais être démonstrative vaut le coup d'oeil. Une petite comédie sans prétention, quoi, mais bien troussée : plutôt plaisant - quoique creux - si on se laisse gagner par le charme des comédiens. Aussi fugace et innocent qu'un rayon de lune.

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