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14 mai 2010

Courts-Métrages et Documentaires (1912-1933) de Joris Ivens

La Flèche ardente (De Wigwam) (1912)

K8217_0_galerieJoris Ivens a treize ans (Ba*tien enrage) quand il décide de faire ce premier film avec toute la famille. Le méchant indien "Aigle noir" kidnappe la fille des fermiers, mais celle-ci est sauvée par le gentil indien "Flèche ardente"... Les indiens sont affublés de perruques faisant passer Dominique Rocheteau pour un skin-head, les regards et les sourires caméra sont légions pour ce court réalisé dans une ambiance rigolarde. A noter les tentatives de panoramique ultra heurtées - quand on a po le matos on fait ce qu'on peut - et la présentation finale des figurants avec un Joris Ivens pas peu fier. Collector, forcément.

Etudes des Mouvements à Paris (1928) 

Ivens filme des bagnoles sous tous les angles dans des rues parisiennes déjà bondées. Il tente même l'angle ras du trottoir qui permet d'avoir une idée des chaussures à la mode, à l'époque. Les gendarmes réglaient encore la circulation à cheval, on fonçait à toute blinde dans la rue de Rivoli, et tout cela devait déjà provoquer un sacré bruit dans les rues de la Capitale.

Le Pont (De Brug) (1928)

Un pont de fer à Rotterdam filmé là encore sous toutes ses coutures. La plus belle image revenant sans aucun doute à la fumée blanche s'échappant de la structure à chaque passage de trains (faut bien trouver un truc à dire quand même). Le pont, grâce à un audacieux système de contrepoids, peut s'ouvrir en son milieu et laisser la place aux bateaux sur le fleuve. Ivens en profite pour filmer des voitures qui passent sur la rive, voire un avion traversant le ciel, ce lieu semblant un "parfait carrefour de passage" moderne. Les envies de voyage doivent déjà titiller notre homme.

La Pluie (Regen) (1929)

img374Constitué de plans d'une poignée de secondes, ce doc d'Ivens tente de capter le rythme de cette pluie qui vient s'abattre sur Amsterdam. Les reflets sur la chaussée, des places couvertes de parapluies, des lieux désertés et ces gouttes qui semblent jouer sur chaque petite structure de la cité. C'est relativement hypnotique, pour ne pas dire carrément poétique, et l'on sent qu'Ivens se fait un plaisir à soigner le montage de chacun de ses plans murement réfléchis. Simple et beau comme la pluie...

Symphonie industrielle (Philips-Radio) (1931)

1086_symphonieEst-ce la longueur du doc - une bonne trentaine de minutes... - le fait est qu'il est tout de même bien difficile de ne pas finir par battre des paupières... Le mélange d'ouvriers-artisans souffleurs de verre et de travailleurs à la chaîne fait son petit effet - on sent bien qu'on est encore dans une phase de transition industrielle -, les plans d'ensemble sur ces dessinateurs bossant sur des planches énormes ont un petit côté Brazil assez sciant, mais je dois reconnaître qu'assister à la fabrication de divers bidules ou de haut-parleurs, ça soule rapidement - certes, on se rassure en se disant que, pour les gaziers qui bossaient alors, cela devait être pire; enfin tout le monde fait son taff au taquet, belle symphonie du progrès qui assomme quand même son spectateur.

Komsomol : le Chant des Héros (Komsomolsk) (1933) 

Ce film est pour toi, camarade russe qui t'es échiné à construire ce magnifique haut fourneau à Magnitogorsk et qui maintenant dois être mort l'âme en paix... Difficile de ne pas frémir devant le ton de propagande de ce doc totalement assouvi à la cause communiste. Tout y est glorification du travailleur qui s'efforce de sourire quand il est dans le cadre, travailleur ultra motivé - ah quelle belle époque ! - pour produire de l'acier au nom de la nation. Comme le disait le gars Staline, l'Union Soviétique sera "la nation du métal, de la voiture et du tracteur" - euh, finalement que du tracteur...-, et nos équipes de paysans-ouvriers de rivaliser pour poser le plus de rivets (ils ont battu le record américain de pose de rivets en une journée, imaginez, j'en suis encore le choc...) ou de "sacrifier leur temps libre" pour aller exploiter la houille... Ils ne sont pas peu fiers et ils nous foutraient presque la honte - bon c'est quand mes prochains congés, moi ? Cinquante minutes à nous plonger dans cet enfer historique, j'ai quand même failli craquer. C'est d'une certaine façon assez instructif - surtout si on veut se faire un haut fourneau dans son jardin - mais faut quand même avoir les nerfs solides pour aller au bout. Moins de motivation que les gaziers, j'avoue. Bon, j'espère que cette exploration de l'oeuvre d'Ivens sera un peu plus passionnante que ces deux dernièrs docs rapidement commentés et un peu plombants.      

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