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Shangols
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26 avril 2010

House (Hausu) (1977) de Nobuhiko Obayashi

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Si vous êtes à la recherche d'une oeuvre japonaise complètement berzingue et déjantée, aucun doute que vous frappez à la bonne porte, tant cette maison-là est habitée du début à la fin d'une imagination et d'une invention visuelle hors catégorie. Effets spéciaux faits aux ciseaux et à la main, séquences de kung-fu filmées à trois mille à l'heure, jeune fille en fleurs véhiculant un doucereux érotisme, scènes d'horreur qui feraient rire ma grand-mère et hérisseraient les poils de mon chat, clip gigantesque qui frôle la poésie ou flirte avec le mauvais goût kitschouille, il y a tout cela et encore beaucoup plus dans ce conte des sept nippones où Blanche Neige se révèle diabolique... C'est résolument foutraque, la musique est parfois à la limite de l'audible (ces terribles années soixante-dix et ces types qui ne savent plus quoi faire avec un synthé), les décors sentent encore la sciure et la peinture est encore fraîche, mais faut reconnaître à Obayashi de ne reculer devant rien quand il s'agit de jouer avec les couleurs, le montage, les mouvements de caméra et tout le bazar technique. On ressort un peu échevelé de ces quatre-vingt dix minutes qui pètent le feu, ne sachant pas vraiment sur quel pied danser devant cette oeuvre réalisée par un mix entre Terry Gilliam et Dario Argento sous acide, mais il faut avouer qu'il est finalement assez rare de mater un tel pudding cinématographique... - je suis encore entre la surprise béate et une impression de trop plein...

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Suite à l'annulation de son plan pour les vacances, Angel invite ses six camarades de classe à venir passer l'été chez sa tante : si chacune a un nom digne des sept nains, elle sont tout de même terriblement plus sexy : Mac, qui a toujours envie de bouffer mais dont le mini short rend joyeusement hommage à ses gambettes, Prof avec ses petites lunettes d'intello, Kung-fu qui passe le film à se balader dans une petite culotte affriolante, Melody, pianiste, Fantasy, jamais à court d'imagination (forcément), et enfin Sweety. Elles prennent donc leur quartier dans l'étrange demeure de la tante qui semblent cacher (la demeure et la tante...) de bien étranges secrets. Ces vacances vont finalement se réduire à une seule nuit, nuit durant laquelle le groupe va perdre successivement tous ses membres (euh quand je parle de membres, il s'agit aussi bien des personnes que des divers doigts, têtes, jambes, bras qui vont finir tronçonnés). La tante n'ayant pu se marier avec son fiancé, mort à la guerre, son esprit a tendance à "prendre possession" (doux euphémisme) de toutes les jeunes filles en âge de se marier. Autant dire que la jolie petite histoire avec ces êtres nubiles va se transformer en méga carnage.

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Rien de bien extraordinaire au niveau du scénar, pourriez-vous me faire remarquer, nan, pour la bonne et simple raison que c'est plus au niveau visuel qu'Obayashi lâche les chevaux : on a souvent l'étrange impression d'assister à une véritable "cacophonie" imagée, le cinéaste se plaisant à mélanger tous les genres qui lui tombent sous la main - horreur, romance, érotisme, dessins animés, kung-fu, gore, poésie, film animalier... le moins qu'on puisse dire c'est que ça déménage à tous les étages. Difficile de chercher à s'arrêter sur une séquence en particulier - la fille broyée dans le piano, celle liquéfiée par une pendule, cette autre dont la tête prend la place de la pastèque attachée à la corde du puits... - voire même sur une image - ces lèvres peinturlurées de rouges, ce bon vieux gros chat blanc avec ces yeux-laser (!), ces couchers de soleil de carte postale en toile de fond - tant l'ensemble constitue un véritable bordel qui part à hue et à dia... On peut en ressortir un peu épuisé - genre "tout ça pour ça !" - comme on peut s'incliner devant cette première oeuvre d'Obayashi qui ne recule jamais devant aucun délire, pimentant son récit d'une trouvaille visuelle toutes les cinq secondes (quitte à parfois tomber dans le grotesque ou l'image d'Epinal, pour être franc). Hausu n'en demeure pas moins une expérience décapante un peu faite, certes, de bric et de broc mais habitée (pour ne pas dire hantée) d'une énergie sauvage et que je vous invite donc volontiers à aller visiter. Une attraction vintage, sans aucun doute. 

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Commentaires
N
Oh oui, c'est certainement un film à voir. C'est un film qui m'a interpellé la première fois que j'en ai vu les images.<br /> <br /> Dès la prononciation glauque du titre "hausu" au début du film (que j'ai repassé de nombreuses fois après tant j'ai adoré l'ambiance qui se dégage de cette voix) et son visuel particulier affublé d'un effet de flou persistant, votre curiosité est capturée pour le restant du film. J'ai passé par contre tout le long début du film à resister à abandonner devant tant de mièvrerie forcée, mais qu'elle n'en fut pas ma joie de continuer l'aventure jusqu'à la maison de la tante, où c'est ici que tout se joue, où tout bascule dans le glauque grotesque et dérangeant.<br /> <br /> Rien que la musique de panique jouée lors des scènes comme celle du puits est à vous coller des frissons, non pas de peur (parce qu'il faut être honnête, ce n'est pas les moyens kitsch utilisés ici qui vous feront avoir peur) , mais d'excitation devant cette débauche de wtf-isme (si ça existe). D'ailleurs le son en lui même est volontairement fort et grossier lors des scènes de meurtre.<br /> <br /> L'une des scènes que j'ai adoré et où j'ai trouvé l'effet utilisé simple mais prodigieux, c'est cet instant où les filles vont pour utiliser le téléphone, et où les images ne défilent plus avec fluidité mais le son oui, un peu comme hors du temps, comme dans un rêve. Ce film regorge d'idées, et la plupart des scènes sont marquantes.<br /> <br /> Ce n'est peut être pas un film à revoir, à part certaines scènes, mais il faut le voir au moins une fois. Mais c'est vrai qu'à la sortie de ce long visionnage, on en ressort la tête secouée et lourde, sans savoir trop quoi en penser, tiraillé entre l'impression d'avoir assisté à un grand foutoir sans queue ni tête ou une oeuvre de génie sous lsd.
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