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19 avril 2010

La Poupée (Die Puppe) (1919) d'Ernst Lubitsch

Lubitsch_in_Berlin_Disc1_01844_Die_Puppe

Petite chose diablement rigolote et coquine du gars Lubitsch que cette Poupée à croquer. Ernst Lubitsch met en place lui-même le décor en miniature de ce conte avant "de l'animer" littéralement avec l'entrée de personnages réels : l'illusion est parfaite, et nous voilà projetés dans cette histoire où il sera justement question de faux-semblant. Adaptée d'un récit d'Hoffmann, l'histoire peut sembler un peu tirée par les cheveux mais ne manque point d'imagination : un baron sur le point de mourir veut marier son neveu, Lancelot, son unique descendant. On convoque une quarantaine de jeune filles, mais le Lancelot s'avère peu téméraire en présence de la gente féminine : il se réfugie dans une abbaye où les moines commencent cruellement à manquer de thunes. Comme le baron propose 300.000 francs de dot à son neveu pour le mariage, les moines ont une idée bigrement originale : il n'a qu'à se marier avec une poupée et leur filer les 300.000 francs. Notre Lancelot se lance dans l'aventure, seulement voilà, suite à un petit micmac (l'apprenti a sottement pété une reproduction à l'effigie de la fille du créateur de ces petites mécaniques), la poupée s'avère être une jeune femme en chair et en os : celle-ci est tout de même prête à jouer le jeu jusqu'au mariage, mais faut po non plus trop la taquiner, la bougresse.

Die_Puppe_poster1

Il y a plein de petites trouvailles assez mignonnes esthétiquement parlant : ces décors de maison de poupée, forcément, grandeur nature, ces chevaux de carrosse joués par des gaziers dans un costume joliment troussé, les cheveux du créateur qui blanchissent à vue d'oeil, ou encore cette superbe séquence où celui-ci, victime de somnambulisme, se retrouve à marcher sur son toit... Mais forcément celle qui s'en donne le plus à coeur, c'est notre gâte Ossi Oswalda avec ses grands yeux... de poupée. Toujours partante pour se donner en spectacle, qu'il s'agisse de danser, mécaniquement forcément, de mettre une tarte (ah tiens, elle a dû perdre un boulon) ou de voler coquinement un baiser. Sans vouloir approfondir le fait que le créateur rappelle à Lancelot qu'il est important de la huiler deux fois par semaine (oui, bon), il faut avouer que cette créature, facilement manipulable, n'est point dénuée d'un certain érotisme : tombant très facilement dans les bras du premier venu, notre Lancelot ou nos moines se trouvent bêtement tout décontenancés au contact de cette créature diabolique(ment bien faite...). Ossi finira d'ailleurs par gagner le coeur de ce Lancelot tout content de voir cette poupée prendre corps - à peine déniaisé, on y prend vite goût, évidemment. C'est un petit film plein de joyeuse légèreté du magicien Ernst, à l'image de cette poupée pimpante éminemment craquante...      

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