La Route (The Road) (2009) de John Hillcoat

John Hillcoat, avec cette adaptation du roman de Mc Carthy, tente bien de rester désespérément fidèle à la trame - c'est louable, d'une certaine façon - mais ne parvient guère à en extraire une quelconque idée vraiment originale - c'est vain, donc. Toute la puissance du roman tenait à ce monde que l'on tentait d'imaginer à chaque page, à ces dialogues minimalistes qui laissaient souvent la page en grande partie blanche, comme pour mieux nous permettre de nous faire ressentir le vide autour de ces personnages. L'univers du film d'Hillcoat est foncièrement grisâtre et âpre, mais lasse rapidement passées les premières séquences. Pire, l'idée de développer les flashs-back ultra-colorisés comme pour mieux enfoncer le clou sur cette noirceur - mouais, ça va, on avait compris - sans parler de ces mélodies pianesques, signées pourtant du gars Nick Cave, qui ajoutent un atmosphère terriblement larmoyante finissant par virer à la guimauve. Le final étant quant à lui totalement raté avec ces plans sur "la famille d'adoption" au grand complet qui se terminent sur... un chien. Un tel climat apocalyptique tout du long pour finir par un happy-end sauce ketchup, c'était bien la peine... Une séquence peut-être marque vraiment des points, celle où le père demande au type qui les a dévalisés - un black, po un hasard m'est-avis - de se mettre à poil : ressort alors en creux tout l'égoïsme de notre petit monde contemporain prêt à tout pour se protéger, quitte à sacrifier ces "aspirants" à la richesse : on se croirait quasiment dans un Romero, mais cela ne suffit pas pour emporter le morceau. Bref, une oeuvre sans grande surprise, et malgré une certaine honnêteté d'un Hillcoat qui ne cherche pas à booster à l'excès les scènes d'action - la bande-annonce pouvait laisser imaginer le pire - cette adaptation de La Route a tout du cul-de-sac artistique.