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18 mars 2010

Fast Food Nation de Richard Linklater - 2006

fast_wideweb__470x338_0C'est très noble de vouloir s'attaquer aux dessous du business de la malbouffe, et on ne peut pas reprocher à Linklater ses intentions. Encore faut-il le faire avec un minimum de pertinence politique, un tantinet de construction, ou au moins avec un brin d'invention narrative. Sur ces trois points, Fast Food Nation est catastrophique. Nous voilà donc immergés, grâce à de multiples histoires, au sein de la Mickey's Burger, en pleine promotion de leur nouveau produit, le Big One. On suit toutes les étapes, depuis le découpage du bestiau jusqu'aux réunions de PDG, depuis la vente en magasin jusqu'aux petites histoires des employés de l'usine de fabrication. Le discours : à chaque étape de la production du Big One, il y a du scandale. Des traces de bouse dans le steak, des Mexicains sans-papiers engagés à la fabrication, des petits patrons qui les exploitent, des businessmen verreux qui ferment les yeux sur les exactions, des vendeurs à l'hygiène douteuse, etc. La profusion des attaques pourrait avoir un côté frontal intéressant ; le souci est qu'à force de taper sur tout et tout le monde, Linklater noie son discours, le disperse, et traite à égalité vrais scandales et intrigues inventées.

17fast_2_600C'est certes révoltant de voir ces pauvres Mexicains sur-exploités ou ces patrons qui ne pensent que gros sous, et ça mérite sûrement un film. Mais méler ça à des anecdotes fictionnelles beaucoup plus pauvres (le patron de la chaîne qui viole ses employées, le petit vendeur qui échappe des steaks par terre et les sert aussitôt) finit par brouiller complètement les pistes. Linklater aurait dû rester dans les faits, sans ajouter à sa colère des personnages qui n'ont rien demandé à personne. Tout le scandalise, alors que tout n'est pas scandaleux : par exemple, tuer des vaches n'est pas scandaleux, c'est normal si vous vendez de la viande. Or, les scènes d'abatage, purement documentaires, sont forcément pénibles à regarder, et la critique devient bêtement "émotionnelle", alors qu'elle aurait dû rester concrète.

fast_food_nation1En plus, le film manque cruellement de rythme, de fil narratif, tapant tous azimuths, voulant être une comédie en même temps qu'un pamphlet, un documentaire en même temps qu'une fiction, Michael Moore en même temps que les frères Coen. Quelques stars sont plaquées là-dessus pour faire class, mais n'ont rien à y faire (l'intérêt du personnage d'Ethan Hawke ou de Kris Kristofferson là-dedans ?), on passe du coq à l'âne sans tenue et sans vrai discours. Bref, que du ratage sur ce sujet qui aurait pu être ravageur traité autrement.

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