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8 mars 2010

La Ville Louvre (1990) de Nicolas Philibert

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Profitant de la rénovation du Louvre, Philibert balade sa caméra le long d'interminables couloirs et dans ces gigantesques salles en rénovation, histoire de capter le regard que ces oeuvres posent sur cette véritable fourmilière qui s'agite à leurs pieds (du consciencieux spécialiste qui donne une nouvelle jeunesse à une peinture ou à un cadre (le type qui pose les feuilles d'or a po intérêt à être enrhumé, m'est avis) au non moins consciencieux balayeur et vitrier aux petits soins pour que ce lieu soit nickel dans tous les coins), mais également en rendant compte de tous ces corps de métier, ouvriers, déménageurs, horlogers, surveillants, coursiers,... jusqu'au directeur en charge de la disposition des toiles, individus de bas en haut de l'échelle sociale, qui se côtoient dans peut-être pas le meilleur des mondes mais sûrement l'un des plus beaux. Point de voix off, comme pour mieux être respectueux des lieux, mais de simples vignettes qui tendent à rendre des aspects les plus incongrus de tout ce qui participe à l'immense mise en scène de ce musée (la personne avec son flFl_Illustration_58flingue qui shoote dans chaque salle pour apparemment évaluer l'acoustique, ces statues que l'on trimballe comme de grands malades - certaines ayant perdu des membres en route, on comprend à quel point elles méritent une telle assistance..., ces anges qui à l'aide de machines peuvent enfin prendre leur envol...) aux plus anecdotiques (la salle de muscu où nos employés suent sous le regard paisible d'un personnage dessiné par Michel-Ange, voire la poignée de plans sur la cuisine ou la cantine d'un intérêt tout de même plus limité...). Philibert nous fait pénétrer dans les coulisses du lieu, nous révélant ces endroits secrets où dort parfois un nombre incroyable d'oeuvres avec leurs simples petites plaques d'identité qui laissent entrevoir le travail de titan de cette véritable "police" artistique. D'une belle sobriété, sans avoir besoin de nous accabler d'infos en tout genre (juste quelques lignes sur l'armada d'employés au générique final) tant le lieu et les oeuvres sont en eux-mêmes un concentré d' H/histoire(s) (de l'art), le doc capte par petites touches toute l'organisation de ce personnel qui s'agite sans cesse dans ce qui pourrait souvent passer pour un véritable hôpital - ou maison de repos - pour oeuvre d'art (Philibert semblant prendre un certain plaisir à s'attarder sur le transport des oeuvres - de la salle de réanimation ou d'auscultation à celles du théâtre des "opérations" où elles seront exposées -, les divers exercices de secourisme (magnifique, l'idée de ce plan en contre plongée verticale vu d'un malade qu'on transporte sur une civière et qui contemple les peintures au plafond : un bel endroit pour mourir, en effet, et pour avoir envie de monter aux cieux...) et de sécurité, ou encore sur les personnes qui observent ces oeuvres comme une infirmière au chevet d'un malade muet... Un autre monde du silence, en quelque sorte, plein de vie.   

ville_louvre

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