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Shangols
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4 mars 2010

Le Soleil se lève aussi (The Sun also rises) (1957) de Henry King

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Grand fan du bouquin de Hemingway que l'ami Gols m'avait d'ailleurs fait découvrir, je ne peux qu'être déçu par cette adaptation très poussive avec des personnages dix ou vingt ans plus vieux que les originaux : Tyrone Power (Jake Barnes) est tout gris - il va mourir d'une crise cardiaque lors d'un tournage l'année suivante, mais fallait pas être voyant ou docteur pour le deviner : il est déjà raide comme un piquet (avec un étrange air de ressemblance avec Don Draper, le héros de Mad Men, la fraîcheur en moins, la bedaine en plus), Errol Flynn, la moustache en bataille, même pas cinquante berges alors qu'on lui en donne au moins 78 - il lui reste deux ans à lui... - et Ava Gardner, encore pimpante avec son regard de miel, même si l'on sent que sa première jeunesse est déjà passée (c'est la seule qui s'agite un peu au début du film, mais rapidement elle prend un pas de sénateur pour être au diapason de ses camarades de jeu). La première partie à Paris, notamment dans les scènes d'intérieur, est filmée comme "Au théâtre ce soir" - c'est absolument sans relief, les acteurs bougent à trois à l'heure et sont penauds comme des montres qui pleurent; et lorsqu'on débarque enfin en Espagne, il y a forcément un peu plus de mouvement et de luminosité, mais plus du côté des taureaux que des personnages...

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Ava Gardner, encadrée par sa cour d'hommes, les rend tous malheureux comme des pierres, et on assiste à une sorte de tirage de gueule pendant deux heures; même si l'on a droit à moult figurants - chemises blanches et bandanas rouges - qui s'agitent dans tous les sens - un certain effort de reconstitution et, enfin, un poil de rythme -, les très très longs combats dans l'arène (un "Ole", ça va, au bout de trente, je m'endors) finissent de recouvrir le film d'un voile de poussière - et nos paupières avec. Ce ne sont pas malheureusement les commentaires à deux balles d'un Tyrone qui joue les super-connaisseurs qui vont permettre de nous sortir de cette torpeur... Rah c'est du Cinémascope grande époque ultra coloré, on ne peut le renier, Mel Ferrer en amoureux éconduit, constamment en colère, apporte un peu de punch à l'ensemble, et Juliette Gréco, au début du film, un peu de peps frenchy, mais l'ensemble baigne quand même dans une grande mollesse, cette fameuse "génération perdue" censée se noyer dans les plaisirs futils prenant plus ici des allures de "pain perdu", voire de "crouton perdu" pour être un peu caustique. Henry King est lui-même en fin de carrière, et finalement l'ensemble respire plus la fin d'une époque qu'un hymne à l'extravagance d'une génération. Un soleil qui, en cours de route (du livre à l'écran, du lever au coucher (...)), a pas mal perdu de rayons dans la bagarre...      

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Commentaires
M
Ah bah non. Je trouve pas qu'on dit la même chose. Ou, en tout cas, ça ne produit pas les mêmes effets chez vous et chez moi. Je trouve ce film beau et poignant. Alors que j'ai cru comprendre que vous le trouviez mou et ennuyeux.
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S
En fait Mitch, vous êtes contre mon commentaire mais vous finissez par dire quasiment les mêmes choses... Hum.
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C
Par contre au rayon des marchandises vraiment avariées cette fois-ci, on a quand même l'interprétation au ras des jonquilles de Bob Evans.<br /> <br /> Déjà que dans Le Tueur au Visage d'Ange il était à se tenir les côtes. Rarement vu une telle non-cinégénie.<br /> <br /> L'horreur.
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M
C'est pas un film sur la génération perdue. C'est un film sur la génération finie. <br /> <br /> Le soleil ne s'y lève pas, il s'y couche. <br /> <br /> King n'a plus tellement besoin de prouver qu'il peut secouer sa vieille Mitchell dans la pampa ou l'Arizona, il l'a déjà fait mille fois. <br /> <br /> C'est un This-is-the-end-my-friend movie. <br /> <br /> Poignant.
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C
Vu il y a 2 jours. Alors oui, le Paris de King c'est pas Caligula (celui du père Ernest, je sais pas) mais je lui trouve quand même une élégance folle à ce film. L'action y est étrangement dilatée, toute la partie en Espagne est filmée comme une longue séquence sans cut et sans événements externes, chose assez rare dans une prod hollywoodienne qui plus est de cette époque. Et puis il y règne un climat moribond 'achement bien entretenu par le grand Riri, le choix du cast aidant (depuis 54 Tyrone n'est plus le playboy d'antan, il a pris de la bouteille et ça lui va ma foi pas trop mal, Ava n'a plus rien de la tigresse des Tueurs même si elle est peut-être encore plus belle à 35 ans, quant à Errol Flynn il joue pratiquement son propre rôle, à savoir un has been de 48 ans qui se poivre du matin au soir, aussi pathétique que magistral).<br /> <br /> Ah non, ça mérite pas l'opprobre qu'on peut lire un peu partout à son sujet. Pas le moins du monde.
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