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23 février 2010

Garçon d'Honneur (Hsi yen) d'Ang Lee - 1993

vlcsnap_2010_02_23_09h52m53s13Vraiment une comédie charmante, qui montre une nouvelle fois que Ang Lee sait écrire et tripatouiller finement dans les sentiments. Le film a pris un peu d'âge, certes, mais comporte toujours ce charme piquant même aujourd'hui. Pas encore passé définitivement dans le camp américain à cette époque, Lee filme la rencontre entre sa culture taïwanaise d'origine et celle plus moderne de son pays d'adoption, à travers une histoire d'homo contraint de faire croire à ses parents qu'il va épouser une donzelle pour sauver les apparences. Le film est entièrement construit sur une succession d'oppositions : opposition des cultures, donc, l'une très codée, l'autre beaucoup plus éclatée ; opposition entre deux modes de sexualité ; opposition entre les générations ; et opposition entre traition et modernité.

vlcsnap_2010_02_23_10h38m26s213Pour traiter de ce sujet épineux, Lee choisit la voie légère de la comédie de moeurs à l'ancienne, celle qui fait du quiproquo et du comique de situation ses seuls étendards. C'est fait avec un tel soin dans l'écriture, et c'est joué avec un tel plaisir par des acteurs parfaits, qu'on est vraiment transporté par les multiples petits gags de la chose, autant d'ailleurs que par les moments d'émotion que Lee manie vraiment très bien. Garçon d'Honneur est drôle et léger, mais comporte aussi suffisamment de gravité et de gentille audace pour sortir du lot des films doux-amers habituels. La scène centrale, notamment, une interminable noce dans la grande tradition, avec ce que ça comporte de jeux à la con, de discours pompeux, de copains bourrés, est parfaitement rendue dans l'atmosphère : tout y est en faux-semblant, d'autant que ce mariage est une farce organisée uniquement pour l'apparat. On y sent concrètement l'ennui, la lourdeur, la somme de concessions qu'induit ce type de cérémonie. Pour les scènes plus intimes, où la famille taïwanaise se heurte aux coutumes yankees, on est vlcsnap_2010_02_23_10h28m39s234aussi dans le non-dit permanent, chacun sachant ce que l'autre ne sait pas tout en sachant qu'il devine qu'on sait ce qu'on est censé ignorer. Le film devient presque étouffant par ce jeu de cache-cache permanent auquel se livrent les personnages, tous dissimulés derrière les apparences. Le discours est simple et pas vraiment révolutionnaire : il faut assumer ce qu'on est ; mais c'est dit avec beaucoup de modestie et de beauté, les derniers plans vous arrachant même quelques larmes inattendues (ces deux vieux qui s'enfoncent dans un couloir d'aéroport, ça ressemble à un adieu définitif).

Lee évite encore pas mal les scènes risquées, celles concernant le sexe et l'homosexualité, comme dans Brokeback Mountain d'ailleurs ; mais il parvient à tenir un propos intelligent et pas si con sur la différence, ainsi que sur le poids de la famille, des traditions et de la paternité à tout prix. Bien joli.

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