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21 février 2010

Connu de nos Services de Jean-Stéphane Bron - 1997

connu_de_nos_servicesUn petit documentaire suisse, ça change un peu. Le projet de départ de Connu de nos Services est superbe : un ancien activiste d'extrême-gauche a subitement accès aux archives des RG le concernant ; il y retrouve, soigneusement notés, les morceaux de conversation qu'il a eus avec ses camarades de lutte ou avec sa mère, les photos des manifestations où il s'ébattit, les remarques des flics le concernant. Bron décide de le filmer, évoquant ces luttes passées, et de retrouver également les autres protagonistes de ce passé : anciens révolutionnaires, maîtresses, copains de garde à vue, et aussi les fameux flics des RG qui ont pris ces notes. Projet éminemment cinématographique, donc, qui a quelque chose à voir avec l'évocation des fantômes, le retour du passé, à travers le quasi-scénario réel d'une prise de notes. On rêve de ce qu'en aurait fait Marker, voire même un documentariste "sentimental" comme Jean-François Imbert. Et il s'avère que dans les premières minutes, ça marche : Bron reste concentré sur ces documents "neutres" qui font ressurgir une vie passée, les confrontant à son principal protagoniste.

connuMais très vite le film se disperse vers une autre piste moins intéressante : Bron ne voit pas la potentialité de son sujet, et finit par ne faire qu'un énième film de plus sur les luttes gauchistes. Intéressant certes, mais déjà vu mille fois. Récit d'une utopie politique foirée, évocation nostalgique des lendemains qui chantent devenant des hiers qui pleurent, portraits de gens qui y croyaient et qui ont dû renoncer... on connaît le principe, et la mise en scène de Bron n'apporte rien de plus à la chose. Pire : c'est un survol de la chose, une simple évocation trop rapide pour être vraiment profonde. La subjectivité du cinéaste, qui filme les manifestants sur fond de jolis jardins fleuris et les flics dans des décors poussiéreux ou comme de dangereux espions, enfonce le clou : Bron n'a pas grand-chose à dire de plus que ses dizaines de prédécesseurs dans le sujet. Ca reste sincère comme un premier film, mais Bron n'a pas l'air d'avoir les épaules suffisantes pour attaquer le vrai motif intéressant qu'il aurait dû décliner : le cinéma comme invocation des esprits.

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