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Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
19 janvier 2010

L'Intouchable de Benoît Jacquot - 2005

vlcsnap_2010_01_18_22h52m42s210Benoît Jacquot aime Isild le Besco. On est bien content pour lui. C'est vrai, c'est beau, l'amour. Le seul souci, c'est que Benoît Jacquot est aussi un cinéaste installé et reconnu, et que, pour prouver à sa belle qu'il l'aime, il ne choisit pas de faire une tite fête aux chandelles, ou d'offrir un bouquet de fleurs : non, lui, il fait un film, et des producteurs le suivent. Ca donne cet essai ridicule sur le mystère féminin, long moment de fascination sans distance envers la comédienne. On ne peut pas dire que L'Intouchable soit nombriliste, puisque ce n'est pas son propre nombril que Jacquot regarde ; qualifions-le alors d' "alter-nombriliste", puisque la caméra du bougre semble totalement soudée à son amoureuse qu'il suit pas à pas en ne manquant pas de trouver chacune de ses poses géniales. Oui, parce que Le Besco, selon Jacquot, est géniale, photogénique à mort, icônique, légendaire, éternelle, sublime et mystérieuse. Il est persuadé d'être tombé sur sa Romy Schneider à lui, et lui propose sans ambage de jouer des scènes casse-gueule à mort : Isild au lit avec un acteur, Isild en crise créatrice, Isild qui se dispute avec maman, Isild qui regarde des cadavres brûler en Inde... On dirait la collection complète des "Martine", mais avec cette posture de réalisateur torturé et trop à fleur de peau qui fait tant de ravages dans le cinéma français depuis 50 ans.

vlcsnap_2010_01_18_23h18m10s139On ne veut pas lui casser son rêve, mais voilà, il faut bien que quelqu'un le lui dise : Isild le Besco est tarte, ridicule, et ses pauvres tentatives pour nous faire croire à sa profondeur éclatent de maladresse. Jacquot la filme très souvent en gros plan, passant du rire aux larmes, de la colère à l'innocence, dans un numéro clownesque que la fillette et son mentor ont l'air de trouver fascinant. Ce n'est qu'hilarant dans le meilleur des cas, crispant dans le pire : on a envie de mettre des claques à l'actrice, au réalisateur et à toute sa bande, tant le film ne semble concerner que ce petit couple qui se prend très au sérieux. On cherche en vain sa place face à cette chose sépulcrale et pompeuse. Quand la belle part en Inde, à la moitié du film, on respire un peu : au moins, Jacquot la filme de dos, ce qui nous évite ses mines d'enfant gâtée, et on a droit à un numéro de "Connaissance du Monde" somme toute plus intéressant que les minauderies du début. La foule indienne, visiblement surprise de cette incursion du cinéma dans leur vie, regarde interrogativement la caméra, en se demandant avec nous ce que ce gusse est en train de filmer ; et c'est plutôt drôle, cette façon qu'a Jacquot de rester fixé, hébété, sur sa comédienne, alors que le monde autour est bien plus simple que ça. Il réussit quelques plans documentaires (la crémation des cadavres, la cérémonie de mariage), et on respire un peu. On lui pardonne alors les plans dardenniens dans lesquels il traque le dos de Isild en caméra à l'épaule, qui sont ratés mais presque touchants.

vlcsnap_2010_01_18_22h54m49s201Ah oui, et le mystère féminin, alors, dans tout ça ? Non, parce que faudrait peut-être se rappeler que c'est ça, le sujet du film... Eh bien, mmm, comment dire ? Le film est aussi mystérieux que je suis cul-de-jatte, c'est-à-dire peu. L'opacité du personnage serait passé avec une actrice moins fière d'elle, moins au centre de l'admiration générale, plus modeste finalement ; ici, elle se résume à montrer une jeune fille sans talent faire des grimaces pour impressionner le chaland. De mystère, point ; de sensualité, encore moins : un moment d'agacement insupportable. Intouchable ? J't'y mettrais des coups de pieds, moi, oui.

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