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GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
9 janvier 2010

Sauf le Respect que je vous dois de Fabienne Godet - 2005

vlcsnap_2010_01_09_15h48m33s203Si vous voulez avoir en 90 minutes un exemple de ratage complet, je vous conseille ce cas d'école. Godet fait la démonstration qu'on peut passer complètement à côté de son sujet, pour peu qu'on n'ait aucun talent ni d'auteur, ni de cinéaste, ni de directeur d'acteur, ni de... pour peu qu'on n'ait pas de talent. La dame n'a peur de rien, au demeurant, et s'attaque au délicat sujet "concerné" du suicide en entreprise. On la voit venir de très loin, et elle vient en effet : tout y est pour faire le tour du sujet, depuis les petits employés lâchement muets jusqu'au méchant patron en belle voiture, depuis les crises de couples suite aux licenciements jusqu'aux camaraderies entre collègues. Le seul souci, c'est que ça ne fait pas un film.

Par où commencer ? Tout est raté... Les acteurs sont juste nuls, parce que très visiblement délaissés. Godet réunit un casting a priori talentueux (Cotillard, bon d'accord, mais surtout Gourmet, Blanc, Julie Depardieu), et s'en contente. Elle leur laisse les mains libres sans plus se prvlcsnap_2010_01_09_16h08m52s102éoccuper de leur sort. Résultat : complètement perdus, ils jouent sur leurs réserves mais semblent tout tristes d'assister en direct au naufrage. Si Gourmet parvient parfois à être touchant, les autres n'ont à défendre que des personnages caricaturaux et sans épaisseur : Depardieu en journaliste indignée, Blanc en épouse dépassée, Cotillard en loubarde à grande gueule... Le scénario est tellement appuyé, tellement explicatif, tellement lourd, que plus aucune place n'est laissée au trouble ou à l'ambiguité. On est juste dans un "Dossier de l'écran" écrit sur un coin de nappe, sans idée, sans style, un peu comme un documentaire (mais en moins bien qu'"Envoyé Spécial", Godet s'évertuant à coller une trame pseudo-policière ridicule sur sa critique sociale). De l'entreprise, on ne voit que quelques clichés qui ne rendent absolument pas compte de ce que c'est que le harcèlement, la déprime, la spirale des heures supplémentaires, l'écroulement de la vie privée. Si bien que quand Gourmet se rebelle contre son patron, on ne comprend goutte à son personnage, alors que les dialogues mettent tous leurs efforts à bien tout nous souligner pour qu'on comprenne bien la profondeur de la chose.

Quant à la mise en scène, c'est honnêtement ce que j'ai vu de pire vlcsnap_2010_01_09_16h13m15s170depuis longtemps. Un montage aléatoire (des "cuts" à l'intérieur des cadres, genre on refait le point en cours de plan, en essayant de les dissimuler maladroitement), une musique proprement infâme dans les moments les plus hasardeux (Gourmet se saoule ? envoyez les choeurs), une photo d'une laideur invraissemblable... Bien dommage qu'on ait laissé à Fabienne Godet le soin de parler d'un thème aussi délicat : ses gros sabots en tant qu'auteur et son manque total de talent technique gâche toute la chose, et finissent par nous retourner contre le film. On ne rêve que d'une chose : que Cotillard la ferme une bonne fois, que Gourmet arrête ses conneries, et si possible qu'il divorce d'avec cette pauvre Dominique Blanc (qui, au passage, a rarement été aussi mal filmée ; elle parvient à être moche, alors que c'est une des plus belles comédiennes du monde, j'espère qu'on est d'accord). Ca se termine par un regard-caméra bien entendu lourd de sens (genre "ô toi spectateur, j'espère que tu as compris que nous sommes tous responsables, salaud"), qui achève de faire sombrer dans le sérieux ridicule ce naufrage à étudier dans toutes les écoles de cinéma...

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