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GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
9 janvier 2010

LIVRE : L'Homme de Londres de Georges Simenon - 1933

9782253143055_GDès la première ligne, on peut comprendre ce qui a pu séduire Béla Tarr dans ce roman : "Au moment même, on les prend pour des heures comme les autres et après coup seulement, on s'aperçoit que c'étaient des heures exceptionnelles, on s'acharne à en reconstituer le fil perdu, à en remettre bout à bout les minutes éparses" - ces derniers mots, en particulier, pourraient presque constituer une profession de foi d'un cinéaste... Les différents lieux clés de l'intrigue - une tour d'aiguilleur qui domine la mer (beau parallèle éventuel avec le rôle d'un réalisateur), les quais humides de la ville de Dieppe... -, ainsi que les multiples errances des personnages dans cette petite ville, ont dû générer en l'esprit de Tarr une foule d'images et de travellings possibles... Mais ne vendons pas la peau de l'ours avant de l'avoir tué, je n'ai point encore vu le film que je me réserve pour la soirée. Certes, l'écriture de Simenon n'a peut-être, en soi, rien de vraiment exceptionnel : il s'agit "juste" d'un polar dans lequel on plonge dès les premières pages sans pouvoir le lâcher jusqu'au bout - et ouais, que demander de plus... On suit donc les cogitations de cet aiguilleur de nuit qui assiste, lors d'une de ses veilles, du haut de sa tour, à un curieux manège : un type arrive d'Angleterre, jette une valise par dessus les barrières des douanes, valise que récupère un complice; rapidement c'est l'altercation, l'homme de Londres balance son acolyte - et malencontreusement la valise - à la mer avant de s'enfuir. Notre aiguilleur, Maloin, si proche du drame, va s'empresser de récupérer cette valise pleine de billets : sa vie a basculé. Après l'euphorie de la découverte - fini de passer pour un moins que rien aux yeux de la belle famille notamment -, l'ombre du souci ne va pas tarder à venir planer sur l'esprit de ce pauvre Maloin. Jeu du chat et de la souris avec cet homme de Londres qui erre en ville, traque qui se resserre avec les policiers qui s'agitent à tous les coin de rue et l'arrivée d'un inspecteur d'Angleterre... difficile pour Maloin de faire face à la pression.  L'histoire se déroule pour une bonne part de nuit dans les nappes de brouillard, les journées pluvieuses n'étant jamais, elles, qu'une variation dans les gris. Maloin qui pense tenir son billet pour un avenir moins sombre tente de la jouer serré pour ne rien trahir de son secret... seulement celui-ci est tellement lourd à porter que notre homme, bien qu'il se croie plus malin que les autres, ne va pas tarder à montrer les premiers signes de fébrilité. Simenon sait parfaitement rendre compte de la tempête sous le crâne de notre aiguilleur - l'homme esseulé qui se parle à lui-même, dans sa tour, pour se rasséréner - et tend le suspense de son récit jusqu'au bout, à l'aide notamment d'une belle galerie d'individus qui viennent se greffer petit à petit sur ce simple fait divers... Bref, on en redemande et ça tombe plutôt bien, le film de Tarr est sur mes étagères.      

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