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Shangols
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8 janvier 2010

Spider de David Cronenberg - 2001

Je n'ai pas grand chose à reprocher à Spider. C'est une fois encore très grand au niveau de la mise enph2 scène, d'une originalité déroutante, comme tous les Cronenberg. On reconnaît la marque du gars, dans cette obsession maladive pour les détails, dans cette fascination pour les replis de l'âme humaine, dans cette passion pour la psychologie déviante qui a fait sa marque. Tout y est parfaitement tenu, de la sombre musique d'Howard Shore, magnifique et toujours en osmose avec les images, à la photo, étudiée au petit poil pour donner toute son ampleur à cette ambiance glauque et "polluée". Le rythme très lent de l'ensemble donne une profondeur étrange au film, on retrouve avec plaisir le Cronenberg de The Naked Lunch ou de Crash.

Et pourtant, ça ne marche pas complètement... A qui la faute ? Au jeu un peu trop chargé de Fiennes, qui joue la folie avec un oeil sur l'Oscar de façon voyante et naïve ? Au scénario, somme toute très simpliste, mais que Cronenberg charge de trop de sens pour être vraiment net ? Au symbolisme lourdosse (des puzzles, des toiles d'araignées, des miroirs brisés pour exprimer la complexité du cerveau du héros) ? Au trop grand simplisme de l'ambiance générale, avec des décors trop dickensiens, ou trop kafkaiens pour être crédibles, avec des personnages secondaires trop caricaturaux ? A ces angles de plans trop recherchés, trop "filmés", trop volontairement déviants ? Allez savoir. Cronenberg a pourtant très bien dirigé son casting : Miranda Richardson, surtout, est parfaite de vulgarité satisfaite, et le petit gamin est lui aussi très très bien, maladif, muet, violent et sadique. On regarde le film sans déplaisir, en reconnaissant amusé les clins Spiderd'oeil aux romans anglais du XIXème ou aux théories freudiennes. Mais Spider reste une parenthèse dans l'oeuvre immense de Cronenberg, un essai, ou plutôt un sequel tardif des autres grands films du maître sur la folie. Respectable, intéressant, je dis pas... (Gols - 10/09/06)


Après The Fly, il était normal que Cronenberg s'attaque à Spider. Bon, ça c'est fait. Boutade à part (quoiqu'il y ait un lien tenu entre les deux oeuvres puisque l'on passe de la transformation physique aux projections/déformations mentales), je serais beaucoup moins réservé que mon collègue sur cette oeuvre magnifiquement construite de Cronenberg qui fait diablement pâlir, en comparaison, un Ne te retourne pas dans la même veine. Ayant lu, à l'époque de la sortie du film, le bouquin de Mc Grath et gardant un assez bon souvenir de la trame, - et de la chute plus impressionnante que celle... d'un Spiderman d'un immeuble, au hasard - j'ai pu d'autant mieux me concentrer sur l'univers esthétique tissé par Cronenberg pour rendre compte de ce troublant personnage qui a une petite araignée au plafond (incontournable et facile, j'avoue). Le cinéaste introduit parfaitement les visions de cet homme sorti de l'asile qui tente tant bien que mal de retrouver le fil de son passé : Spider, prisonnier de son propre univers mental, tente à l'aide de ses propres petits carnets (magnifique, l'idée de ce langage qu'il est le seul à pouvoir comprendre) de recomposer son passé; il lui suffit de jeter un coup d'oeil à travers une fenêtre, seule petite ouverture sur sa propre histoire, pour que l'on soit littéralement happé dans son esprit. C'est amené toute en finesse et le passage "de l'autre côté du miroir" - l'antre de sa folie - se fait tout aussi subtilement : sa mère se maquille face à un miroir (extraordinaire Miranda Richardson qui joue les deux rôles - celui de la mère et de la pute - et donne à chacune son caractère propre) et notre mini Spider de plonger corps et âmes  (comme dévoré par cette bouche vermeille - Freud en rêve encore) dans son monde parallèle.

spider

La métaphore filée (forcément) de ces multiples fils qui s'entrecroisent (le gamin jouant avec un bout de ficelle, le véritable réseau de cordes dans sa chambre - d'enfant et d'adulte -, le système alambiqué pour ouvrir le gaz dans la cuisine de sa chambre...) illustre à la perfection les courts-circuits de son cerveau à mesure qu'il s'enferre dans son propre piège : son imagination de gosse esseulé prend le dessus sur la réalité, et à partir de là il devient le pantin de ses propres affabulations. Certes, je reconnais avec mon camarade que certaines ficelles sont un peu grosses - surtout a posteriori -: l'immense usine à gaz en face de la pension qui continue d'obstruer image_010sa vision, le fameux puzzle sur lequel il peine à faire correspondre les morceaux (de son passé, vi), la vitre brisée à l'asile où il apparaît clairement qu'il est le seul à détenir la pièce manquante...), mais cela est compensé par une trame narrative terriblement complexe (les innombrables flashs-back notamment, de lui enfant ou à l'asile) dans laquelle le cinéaste ne cesse de nous faire bifurquer (sur ses sentiers battus mentaux) sans jamais qu'on perde le fil. C'est terriblement glauque dans les décors, mais extraordinairement limpide dans la mise en images de ce processus mental. Dans une interview, Cronenberg rappelait qu'il y a un Spider en chacun de nous puisque chacun, à défaut d'être schizophrène (hum), avait tendance à se retrouver prisonnier de l'univers qu'il se tisse lui-même... Il nous en livre ici une somptueuse illustration. Difficile à mes yeux de ne pas ressentir un immense plaisir à se faire prendre dans les rets de cette fabuleuse toile... cinématographique - j'ai épuisé tous mes jeux de mots arachnéens, brisons là.   (Shang - 08/01/10) 

cronen_spiderW

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