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Shangols
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GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
8 janvier 2010

Tirador (2007) de Brillante Mendoza

Tirador_Still_2_t

Peut-on encore parler d'oeuvre filmée "caméra à l'épaule" à ce niveau-là...? D'épaules, le caméraman ne doit en tout cas plus en avoir beaucoup à la fin d'un tel tournage. Mendoza, définitivement, n'est pas du genre à s'emmerder avec de beaux cadres, à fignoler les raccords au montage - son truc, c'est le cut, ouais -, rafistolant à la volée une bande son sans forcément se soucier des couacs. Je n'ose même pas parler non plus d'un semblant de trame cohérente ou construite, on sent bien, dès le départ, que ce n'est pas vraiment sa priorité. Certes, ça respire le manque de moyens; mais une fois qu'on met de côté ces quelques réserves initiales (...) et qu'on accepte de plonger les yeux fermés (c'est une image...) dans ces rues de Manille, ce mix de réalisme et de fiction permet de nous faire ressentir véritablement tous les petits battements de coeur de ces quartiers déshérités. Suivant une TIRADOR_POSTERpoignée de voleurs en tout genre - voleur à la tire (le caméraman de Mendoza est un gars qui court vite, très vite - po de doute), choureur de lecteurs dvd, braqueur de passant à l'aide d'un couteau... -, Mendoza nous livre un portrait assez saisissant et enfiévré de ces gamins qui se démerdent comme ils le peuvent pour survivre. Enchaînant à vitesse grand V les vignettes plus ou moins drolatiques - et parfois pathétiques (la jeune gonzesse qui perd malencontreusement son dentier (des semaines de vols pour pouvoir se l'acheter...) dans l'évier, le type qui rend le collier qu'il a volé à une passante parce que c'est du toc... ), souvent violentes (les bagarres qui éclatent pour presque rien, le passage à tabac au commissariat, la séquence d'ouverture rondement menée avec cette descente nocturne musclée des flics), voire carrément dramatiques (le type qui se fait écraser par la foule et son gamin, tout perdu, qui ne va néanmoins pas tarder à se distraire en jouant de la thune dans la rue), Mendoza livre un véritable patchwork de ce petit monde qui vit d'expédients. Filmant ces événements sur fond de campagne électorale (les affiches des candidats qui fleurissent à chaque coin de rue et leurs noms qu'on retrouve sur un tee-shirt sur deux), le cinéaste nous montre à quel point les responsables politiques sont également prêts à tout pour acheter leurs électeurs - de véritables distributions de billets sont organisées au sein de ces quartiers pour racler un maximum de voix)... De véritables "grand-messes" politiques sont organisées lors desquelles Dieu est amour et surtout votez pour moi. Bref, c'est pas très propre tout ça, tout ça. Monté résolument à la hussarde, le film peut finir par nous semer un peu en cours de route dans le dédale de ces rues où cette galerie d'individus s'agite (comme ils ont en plus tous un semblant de moustache, on a tendance à les confondre un poil...). Aucun doute néanmoins sur le fait que Mendoza, filmant apparemment constamment dans l'urgence, sait capter brillamment les ambiances de cette cité. Du "néo-néo-réalisme phillipin" en quelque sorte dont Mendoza pourrait passer pour un chef de file éclairé.   

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