Up the River (1930) de John Ford

John Ford annonce au générique "a comedy drama" et il est vrai que le milieu carcéral américain ressemblerait presque à un camp de vacances où les hommes sont simplement séparés des femmes par une grille... Une distribution de choix, a posteriori, avec l'un des premiers rôles de Bogart (on lui donne 18 ans, il en a déjà 31) et la présence de la débutante Claire Luce et de Spencer Tracy qu'on ne tardera pas à retrouver en haut de l'affiche chez notre ami Frank Borzage.

Le gars Spencer Tracy est le genre de type qui peut s'échapper d'une prison plus facilement que Michael Scofield, et ce sans avoir besoin de tatouage. Rouleur de mécanique, il ne tarde cependant jamais à y revenir, sapé comme un Pape et salué, véritablement, comme le big boss. L'ambiance générale est plutôt à la coule, il suffit généralement d'un bon bourre-pif sur le gros nase du coin pour que tout se passe ensuite pour le mieux. Nos hommes sont bien occupés entre la préparation de la kermesse et le match de base-ball annuel... Il ne manque que les femmes, ben même pas, vu qu'il y a une tripatouillée de poulettes juste dans le quartier voisin; Bogart ne va pas d'ailleurs tarder à succomber à la blondinette Claire Luce sur laquelle il achoppe au premier coup d'oeil. Il vient d'un milieu huppé, fait croire à ses parents qu'il est en voyage en Chine (roh ça va, c'est po le bagne, ici...) et promet à la chtite, qui vient d'un milieu modeste, de la retrouver à la sortie. Malheureusement pour lui, un sale type, qui a fait plonger la chtite, attend notre Bogart au détour, lorsqu'il sort en liberté surveillée, pour le faire chanter et briser son avenir en allant dévoiler à ses parents à la fois son passé de prisonnier et l'endroit où il a rencontré sa mie. Mince alors. Heureusement, Spencer Tracy et son acolyte complètement azimuté (Warren Hymer), sont prêts à jouer aux anges gardiens et à coincer ce maître-chanteur avant que la situation parte en quenouille...

Des hommes entre eux (ben oui, Ford quoi) qui font montre d'un sens de l'amitié dur comme un roc, un Bogart tout fleur bleue et amoureux (rien que cela vaut le détour) qui ose à peine regarder sa promise en face pour lui dévoiler ses sentiments (tout mignonnet le Humphrey avec son chewing dans la cour de récré... enfin, de prison), des passages de comédie sympatoches - l'acolyte de Spencer Tracy qui fait du zèle au niveau des bonnes manières lorsqu'ils rendent visite aux parents de Bogart... -, de bien belles traditions que Ford prend plaisir à filmer (la sortie en "charrette à foin" entre jeunes gens qui respire le bon air campagnard) et même si l'histoire ne vole pas très haut, on prend plaisir à découvrir nos deux jeunes acteurs qui se font leurs petites dents (Tracy dans la légèreté comique et en dur à cuire, Bogart en jeune premier tout guilleret (ça durera po)) dans cette comédie mélodramatique jamais réellement dramatique - nan, la prison ç'a l'air plutôt cool, en fait. Bref, une oeuvre, sans ces stars en devenir, tout juste dans la gentille moyenne mais po ennuyeuse pour autant, quant au titre (!), j'ai dû passer à côté d'une finesse dans une réplique ou dans le scénar... 

Comments

[Shang]

Ah ben oui, forcément, cela fait sens. Pas fait gaffe s'ils utilisent l'expression dans ce film. Sûrement... Merci pour l'info camarade!

[Gols]

Mmmm, je viens de voir Born Reckless de Ford, et ils emploient souvent l'expression "Up the river", qui semble vouloir dire "en prison", en gros. D'où...