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29 décembre 2009

This is Korea ! de John Ford - 1951

this_20is_20korea_202Un des nombreux films de propagande de Ford destinés à édifier les masses sur la noble tâche des Américains consistant à lâcher du napalm sur le bridé moyen. Peu de subtilité donc dans ce moyen métrage, mais tout de même beaucoup de choses intéressantes à piocher par-ci par-là. D'abord parce que Ford ne se contente pas de coller bout à bout des images de guerre : il crée une véritable narration, avec une progression, avec un sens du rythme et du montage infaillible. On reconnaît bien le talent de conteur de Ford dans cette utilisation de chaque petit bout d'archive en tant que potentialité d'émotion. La voix off, loin du ton objectif habituel, s'exprime à la première personne, fait part de ses sentiments, voire s'adresse directement aux personnages ou au public, avec de multiples intonations très personnelles (elle va jusqu'à chuchoter sur les images finales de cimetière militaire : "Remember us").

gov_ntis_ava18577vnb1_002760Le film est donc très joliment construit, et contient ce qu'il faut d'images impressionnantes. Ford est au coeur du terrain, et montre les combats de l'intérieur, qu'ils soient terrestres, aériens ou marins. Certains plans ont carrément été réalisés avec un courage évident (les obus pêtent à quelques mètres). Plein de bruit et de fureur, This is Korea ! nous plonge littéralement sur les lieux des combats. Les précisions scientifiques ne viennent jamais affadir l'émotion violente qui se dégage de ces villages qui explosent, de ces bombardements infernaux, de ces hommes pilonnant les forces ennemies. On retrouve des élans westerniens dans ces attaques de bourgade où les ombres passent devant des maisons en flamme, où tout consiste en des rapports entre encerclants et encerclés. Seule limite de la chose : Ford ne se place que du point de vue américain, et on cherchera en vain la trace des répliques coréennes. On dirait que cette guerre est à sens unique (ce qui a bien pu être le cas), que l'ennemi est totalement absent, vagues cibles difficiles à cerner. gov_ntis_ava18577vnb1_000960Les seules apparitions indigènes : des enfants (qualifiés systématiquement de "poor angry kids", qu'ils aient effectivement l'air triste ou qu'ils regardent la caméra en rigolant comme des bossus), ou des prisonniers que le gars Ford évacue avec gêne (il seront "arrêtés, neutralisés, et questionnés", sans qu'on ne s'attarde outre mesure sur les méthodes).

Ford est aussi très grand dans les moments de calme, ceux situés entre ces gros bombardements. Quelques soldats pris dans l'hiver et qui se balancent des boules de neige, l'arrivée du courrier (images vraiment destinées au public resté au pays), le staff des généraux qui discutent tactique, ou quelques défilés de gusses crasseux revenant du combat. C'est grâce à ces gov_ntis_ava18577vnb1_001920séquences-là que le film gagne toute sa sève, toute sa vie, sortant du documentaire pour devenir un vrai portrait humain. Portrait unilatéral, certes, puisqu'on est dans la propagande pure, mais portrait au final assez touchant dans sa solennité et dans sa croyance en l'humain.

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