Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
25 décembre 2009

[Rec] 2 de Jaume Balaguerò et Paco Plaza - 2008

rec_2_2009_18336_688736515J'avoue qu'avec le recul, le premier Rec me reste comme un plutôt bon souvenir. Mélange donc d'impatience et de forts doutes concernant cette suite. Résultat : c'est franchement pas mal. Bon, attention, hein, n'allez pas croire que, et ne me faites pas dire : Rec 2 est encore plus con que son prédecesseur, encore plus mal joué si c'est possible, et ne donne pas les frissons brutaux du premier opus. On s'ennuie une grande partie du temps, et ce ne sont pas les piètres tentatives des scénaristes pour tenter de mettre de la logique là-dedans qui rajoutent un quelconque intérêt. Convaincus qu'il faut expliquer l'inexplicable (alors que c'est justement ce qu'on ne comprend pas qui fait le plus peur, arrêtez-moi si je me trompe), les compères inventent une improbable explication mystique à l'envoûtement des zombies : oui, mais c'est le diable qui a investi ces corps, rien à voir avec un virus, cherchez pas. C'est ridicule, ça marque un retour au pire de la production Z des années 80 (L'Exorciste, La Malédiction), et ça enlève au film toute sa terreur. On était bien plus marqué par ces fous sanguinolents qui se jetaient sur la caméra sans raison que par ces possédés dôtés cette fois d'une voix, voire de quelques étincelles rec_2_7d'intelligence (le Malin papote pas mal avec le curé par l'intermédiaire de ses zombies). Ceci dit, ça donne aussi un personnage assez marrant dans ses caricatures, un curé vieille école armé de crucifix, qui va d'ailleurs se retaper une scène de L'Exorciste : à la question "où est passée la petite file, immonde suppôt de satan gluant ?", le zombie lui répond taquinement "Dans la chatte de ta mère", ce qui dénote un sens de la répartie indéniable. Et le curé de renchérir, fatigué : "Ca ne marche plus, ça..." Mais bon, autant le dire : le scénario est nul.

Bon, mais ce qu'il y a de plus intéressant là-dedans tient tout simplement à la mise en scène. Balaguero et Plaza ont eu l'intelligence de sentir qu'il ne fallait pas refaire Rec à l'identique. Assez courageusement, ils balancent donc aux orties le temps réel et l'unicité du point de vue. Rec 2 est un montage, avec flashs-backs et variations des regards. L'image télé y est remplacée par une esthétique de plus en plus "jeu vidéo", et par les images "objectives" d'une poignée de soldats. Ce n'est sûrement pas assez exploité, mairec_2_2009_18336_1683756486s il y a quand même là-dedans un renouvellement dans la façon de nous donner à suivre cette histoire qu'il faut noter : le fait qu'il y ait plusieurs caméras permet aux réalisateurs d'alterner les "sensibilités" des filmeurs, depuis le premier soldat imperturbable cadrant sec aux ados amateurs terrifiés qui livrent des images quasi-abstraites tant elles bougent dans tous les sens. En plus de ce grand retour en arrière habile à la moitié du film, qui nous fait revoir les mêmes scènes d'un autre point de vue (bonjour, Brian de Palma), il y a cette foule de petits écrans incrustés dans les grands, comme autant de filmeurs potentiellement victimes. Comme les caméras sont accrochées aux casques des soldats, le cadre devient un espace dangereux, vulnérable (la tête du personnage, et donc la nôtre) ; quand les monstres attaquent, c'est directement le cadre, directement la tête. Ca donne encore quelques fulgurances très frontales, des jets de violence qui strient l'écran avec une rapidité folle. C'est osé, mais j'ose : on dirait parfois du Bacon ; quelques traces rougeâtres, de vagues formes hurlantes, des traits, de l'obscurité, du mouvement, voilà ce rec_2_haut23qui fait l'essentiel du film. On ne distingue pas grand-chose, et c'est bien mieux que si on nous avait tout montré. Dommage que les scènes plus calmes, celles de dialogues, viennent anéantir ces efforts : trop propres, cadrées en professionnel, elles sont peu crédibles dans ce scénario infernal. Balaguero n'arrive pas encore à se détacher complètement du cinéma-vérité, mais il y vient, et on peut être sûr que l'opus 3 le verra abandonner cette fausse bonne idée, tant mieux. Moi, j'ai confiance.

Commentaires
G
Rien à dire, votre regard est acéré et très juste, Mr K. Assez scotché par ce que vous dites, j'en conviens. Revenez quand vous voulez !
Répondre
L
C'est bien pour faire plaisir, M. Gols :<br /> <br /> nous avons, avec [REC] comme avec [REC] 2, affaire à des "films à dispositif" (FAD™). Et si dans le premier opus, le dispositif a parfaitement fonctionné sur le spectateur que je suis, ça n'a pas été le cas avec cette suite. <br /> <br /> Le problème avec les FAD™ , c'est que dès lors que vous n'êtes pas embarqué rapidement, si ce n'est immédiatement, par (ou dans) le dispositif, vous êtes laissé de côté et n'avez plus qu'à vous ennuyer profondément.<br /> <br /> Je crois avoir lu que vous reprochiez à [REC] sa mise en scène trop réfléchie, ce qui me semble pourtant indispensable au bon fonctionnement du FAD™ et qui manque cruellement ici. J'ai vraiment eu cette impression que les réalisateurs se sont demandés comment ne pas refaire strictement la même chose tout en restant dans la continuité de ce qui constitue une (désormais bête) franchise, sans se poser une question de plus lorsqu'une première réponse leur a effleuré l'esprit. <br /> <br /> Et avec cette absence de réflexion, vient l'absence de réalisme (un réalisme de cinéma s'entend) qui était véritablement l'un des points forts de [REC]. <br /> <br /> Ici, nous avons donc des caméras fixées sur les casques de soldats dans une situation de stress et de terreur mais celui dont on suit le regard ne bouge pas la tête, s'il scrute ce qui se passe autour de lui, c'est seulement en roulant des yeux. Beaucoup de gens trouvent la caméra trop "shaky" dans ce film, pour moi, dans ces moments, elle ne l'est pas assez, le regard est trop passif, la vue trop posée. D'autant que les réalisateurs ne se privent pas pour ressortir la shaky cam dans la séquence des ados. <br /> <br /> Plus dans le détail, le casque semble bien souvent se retrouver à hauteur d'épaule et je ne parle pas de scène dans les escaliers, certes, ce n'est pas forcément grand chose, mais quand on s'ennuie, on passe du temps à démonter son FAD™ pour comprendre pourquoi il ne fonctionne pas.<br /> <br /> Mais surtout, le soldat dont on suit la caméra n'intervient plus autrement que comme cadreur, il n'a plus sa part dans les dialogues et dans l'action, sauf à servir de cible aux agressions, c'est à peine si ses collègues lui jettent un regard, il n'interagit plus. Je comprends que ça puisse être un parti pris de lui faire garder le silence (il doit ponctuer de deux phrases du genre "ça craint" et "ouais d'accord") pour favoriser le placement subjectif du spectateur, mais de là à ce qu'il n'existe plus pour ses compagnons, ça ne peut, selon moi, pas aller.<br /> <br /> Et puis, à qui servent les incrustations d'écrans dans d'autres écrans ? Les soldats ne semblent pas posséder de tels terminaux sur eux ou j'ai raté quelque chose (bien possible ça), comment est-ce que ça se justifie ? Qui monte et nous donne à voir ces images ? Ça va être la révélation de [REC] 3 comme cette histoire de possession dans celui-ci ?<br /> <br /> Et le scénario...
Répondre
G
Exact, Mr K, exact. Je veux pas me justifier, mais je pense avoir voulu dire que ces deux films (que je n'aime pas du tout) ont une esthétique Z et 80's. Mais c'est vrai que c'est un peu pour m'en tirer à bon compte. <br /> Parlez-nous de Rec2, si vous avez le temps un de ces jours : toujours agréable de discuter.
Répondre
L
Je suis d'un avis radicalement opposé en tout point au vôtre concernant ce [Rec]2 que je viens de subir, mais je ne vais pas en débattre maintenant : bien trop long. En revanche, je ne peux pas vous laisser citer l'Exorciste et la Malédiction en exemples du "pire de la production Z des années 80". Sans aucun jugement de valeur, d'ailleurs je ne me souviens pas être particulièrement fan de ces deux films, mais factuellement, ce ne sont pas des Z et ils ne sont pas sortis dans les années 80. ;)
Répondre
Derniers commentaires