Inspecteur de Service (Gideon's Day) (1958) de John Ford

L'inspecteur Gideon (Jack Hawkins, le gars tranquille à la Columbo) a des journées presque aussi chargées que Jack Bauer. Du petit-dèj en famille à la toute fin de soirée, il passe son temps à recevoir des coups de fil et à courir à hue et à dia pour résoudre les divers crimes et autres imbroglio londoniens. Un taff à plein temps, c'est ça. Gideon incarne la loi toute puissante - il est le premier à pincer l'un de ses inspecteurs suspectés de toucher des pots-de-vin - même s'il est le premier à pâtir d'un excès de zèle d'un gendarme qui le verbalise pour avoir grillé un feu rouge. Personne n'est intouchable, jusqu'au bout cette petite ritournelle sera poussée : bref, Scotland Yard n'est pas un hall de gare pour flics véreux, que les choses soient claires. Bien que le déroulement du scénar soit un peu convenu - un délit, Gideon au taquet, une résolution -, cette petite oeuvre de Ford n'est point déplaisante à suivre, présentant une petite compile d'enquêtes rapidement résolues.

Parmi les différents clients de la journée et certaines affaires qui se recoupent, on fera connaissance avec un vieil étrangleur inquiétant qui ne peut se contrôler (lorsqu'il monte les escaliers, la main recroquevillée dans le dos, on devine aisément ce qu'il va advenir - petite idée de mise en scène qui ne mange pas de pain), avec des kidnappeurs de banquier (le coup téléphoné du chauffeur de remplacement : "-Maurice est malade. - Ah ?", fait le banquier pas plus soupçonneux qu'un enfin de quatre ans), à des pilleurs de banque (la moins sécurisée du monde : un type à l'entrée qui vous fait faire la visite comme dans un parc aquatique) et à une jeune femme caméléon qui sait s'y prendre pour attirer le gogo (bien jolie Anne Foster, ma foi, qui pose gentiment à côté de son tableau : question apparence, elle sait comment s'y prendre pour la modifier à loisir et cacher, derrière son sourire très avenant, ses intentions peu honnêtes... Bon, par exemple, dès qu'on lui parle de la peine de mort, elle perd tous ses moyens et joue très mal la panique...). Gideon traîne sa silhouette nonchalante de bon pater de famille d'une scène de crime à une autre, tout en sachant jouer de l'art de l'interrogatoire pour confondre les coupables, n'hésitant point à pousser une ptite gueulante à l'occase, voire à jouer les rugbymen de choc en dernier ressort. Il rentre chez lui éternellement à la bourre, mais avec le sentiment du devoir accompli et surtout bobonne qui sait faire preuve de compassion. Une journée de Gideon quoi, super moins musclée que Jack, c'est clair, mais avec son lot routinier de cadavres, de malfaiteurs et sa petite galerie de personnages récurrents un poil comiques (son immense assistant moustachu qui veille au grain, le jeune flic zélé tout frais émoulu de l'école, le curé mal aimé des gosses du quartier qui devient soudain un super héros, le big boss plus doué dans les discours que dans l'action...). Une petite conduite (de) Ford assez sportive dans le fond (la multiplication des cas) mais plutôt diesel (Gideon, l'inspecteur plutôt pépère) dans le ton.