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Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
8 décembre 2009

Sauvage Innocence de Philippe Garrel - 2001

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Sacré Garrel. Emouvant jusque dans ses maladresses. Et là, on peut dire que des maladresses, il y en a à la pelle. Mais qu'est-ce que vous voulez : ses films ont beau être bancals, énervants, ratés souvent pour une bonne moitié, il continue à nous cueillir, par cette sincérité, par cette nonchalance triste qu'il traîne comme un Souchon cérébral. Sauvage Innocence est bourré de lourdeurs, de choses soûlantes ; mais il est encore une fois intéressant et troublant.

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Un jeune cinéaste veut tourner un film sur ses rapports avec une femme, morte d'overdose il y a quelques années (tiens, ça rappelle Nico, ne me dites pas que...). Il engage une comédienne débutante et inconnue, de qui il s'empresse de tomber amoureux bien sûr. Son but : réaliser le film qui va changer le regard sur la drogue, qui va "mettre un terme à toute cette saloperie". Le résultat sera tout autre : non seulement le réalisateur est obligé de jouer avec la basse réalité pour trouver ses financements (le producteur est un maffieux grand crin, qui lui demande de trimbaler des valises), mais son actrice va elle-même tomber dans la drogue dure. Schématique ? non, vous croyez ? Eh oui, c'est très maladroit, et ce simplisme dans l'écriture finit par agacer plus que de raison. Garrel ne s'est toujours pas remis de la disparition de Nico, et replonge une nouvelle fois dans ses interrogations stériles sur les rapports entre drogue et création, entre amour et domination, entre art et réalité. On n'évitera donc pas les écueils attendus, comédienne profonde qui pique sa crise identitaire, dialogues oiseux au fond des lits, shoots pris dans des endroits glauques, artistes âchement profonds qui se battent avec leur moi, leur non-moi, leur sur-moi, leur ça et leur sur-ça.

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Mais pour cette fois, tout ça passe plutôt bien. Garrel filme des personnages plus simples, moins torturés que d'habitude, et son scénario est presque plus lumineux. Après tout, ce cinéaste ne veut que réaliser correctement son film, sans pathos redondant, sans prise de tête inutile. Beau personnage principal, avec ses moments d'énervements certes, mais qui garde presque joyeusement son cap ; beau personnage également du producteur, bloc viril à la Johnny, peu intéressé par l'intellectualisme du cinéma, et qui aborde la vie frontalement. Avec ces deux-là, Garrel finit par réaliser son film le plus net, le plus droit, abandonnant ses gavantes postures d'artiste maudit. Le film raconte de bien jolies choses, un homme qui veut invoquer la douleur du passé par l'art, comme une fuite dans le cinéma, et finit pas recréer à l'identique cette douleur. On y voit le monde réel gagner le monde du cinéma, par la trivialité de la création (le fric, les concessions), l'épouser quelques instants, puis revenir au réel, comme ennemi déclaré et vainqueur proclamé. Amer, certes, mais lucide et enfin un peu plus insouciant que d'habitude, Sauvage Innocence est en plus une déclaration d'amour touchante au cinéma dans toutes ses incapacités et dans toute sa magie. Peu importent alors les tics de Garrel, son incapacité à écrire des personnages de femmes un tant soit peu crédibles, ses attitudes de génie incompris : il parvient plus d'une fois à toucher au coeur, et on ne lui en demande finalement pas plus.

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Garrel soûle ou envoûte ici

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