Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
6 décembre 2009

Marie Stuart (Mary of Scotland) de John Ford - 1936

vlcsnap_2009_12_06_18h19m19s159Du Ford canal historique, ce qui n'est pas forcément sa meilleure veine. Mary of Scotland ne manque pas de souffle, certes, et manipule les faits historiques avec un sens du lyrisme vraiment puissant. Mais pour cette fois, je suis resté quelque peu au bord de cette reconstitution scolaire un peu engoncée, avec l'impression de feuilleter un livre d'histoire pour collégiens. Nous voilà donc en pleine Ecosse, sur les traces de Marie Stuart, reine idéaliste qui croit qu'on peut gouverner avec l'amour et la tolérance. Ses rapports avec sa cour, ses ministres, les propres membres de sa famille, et la reine d'Angleterre vont lui apprendre que ce n'est pas le cas. On assiste à tous les complots, déclarations de fidélité, trahisons, histoires d'alcôve, discours diplomatiques possibles et imaginables, et le moins qu'on puisse dire c'est que Ford n'est pas avare en précisions historiques. Trame sûrement passionnante sur le papier, mais qui s'avère lors du passage à l'écran prisonnière d'une forme sclérosante difficile à éviter : le film est très bavard, succession de scènes dialoguées figées qui finit par lasser. Ford tente par tous les moyens de doper se schéma, et y réussit parfaitement dans ces fabuleuses contre-plongées sur ses somptueux décors, par des séquences pleines de vie et de figurants, ou par une utilisation vlcsnap_2009_12_06_21h28m22s181de l'architecture des palais qui multiplie l'emphase des scènes attendues : le procès final est tout en noblesse, Marie toute petite face à de gigantesques juges austères placés en hauteur ; les courtes séquences dans la campagne lors de la fuite de Marie en Angleterre renouent avec les jolies tendances champêtres du Ford de The Quiet Man ; les jeux d'ombres et de lumières sur les visages, sur les groupes d'hommes complotant, sur les gros plans, sont dignes du grand Hollywood glamour qu'on aime. Mais ça ne suffit pas : le tout reste poussiéreux, trop emphatique, académique, et pour tout dire un peu chiant.

Ce côté papier glacé vient même abîmer le jeu de Katharine Hepburn ; d'ordinaire si vive, elle est ici gênée par ce rôle bigger than life, cantonnée à un romantisme que cette actrice a toujours combattu, et corsetée dans un costume pour le coup ridicule (enfin, surtout sa coupe de cheveux, sûrement historically correct, mais qui lui enlève toute grandeur). Ford, visiblement amoureux d'elle, lui accorde quelques gros plans illuminés  qui valent leur pesant de légende, mais rien n'y fait : sa fantaisie est passée à la trappe, et ce rôle, plus fait pour une Ava Gardner par exemple, ne lui va pas. Dommage, car vlcsnap_2009_12_06_20h06m55s211un des biais du film aurait pu se jouer là : Ford suggère que toutes les grandes rivalités de couronne ne seraient dûes qu'à une jalousie féminine très premier degré, la reine Elisabeth se trouvant moins belle que Marie (très jolie scène inaugurale où la reine d'Angleterre compare son reflet dans un miroir au portrait d'Hepburn, la sorcière de Blanche-Neige n'est pas loin). Cette piste-là fait long feu, et la direction d'actrice condamne Hepburn à ne jouer que la dignité bafouée, là où son côté femme amoureuse fatale aurait pu faire son effet. La distribution masculine est à l'avenant côté personnages positifs, avec un Fredric March jamais crédible ou le lot habituel des serviteurs dévoués qui lasse carrément. Côté vilains, c'est mieux, surtout ce roi efféminé ridicule et méchant comme un pou. Il ne manque pas grand-chose pour faire de Mary of Scotland un bon film, juste un peu plus de caractère et un peu moins de blablas.

Commentaires
Derniers commentaires