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30 novembre 2009

La Promesse de Luc et Jean-Pierre Dardenne - 1996

vlcsnap_2009_11_30_20h08m01s46Encore un exemple de rigueur et d'intelligence pour les Dardenne Brothers, capables de cumuler émotion et jansénisme dans un même film. La Promesse est dur, âpre, sans concession, et pourtant les sentiments débordent de chacun de ces cadres mathématiques, et c'est tant mieux. Les Dardenne sont franchement des petits génies de l'écriture, et servent encore une fois un scénario qui manie subtilement les symboles et les concepts sans jamais démordre de leur trame, sans jamais verser dans le film théorique.

Sujet social, cette fois encore : Igor, jeune blondinet débrouillard, et son père vivent de l'exploitation des sans-papiers, leur octroyant des logements insalubres en échange de services ou de dollars, n'hésitant pas à les abandonner à la police quand ils deviennent un peu trop râleurs. Suite à la mort de l'un des clandestins, Igor décide de prendre sous son aile la femme de celui-ci. Culpabilité taraudante, naissance des sentiments amoureux ou émanciaption par rapport à son père ? On ne sait pas trop, les Dardenne cultivant comme à leur vlcsnap_2009_11_30_22h06m15s70habitude le flou psychologique, demandant à leur spectateur de bosser un peu plutôt que de manger de la soupe froide. On sent en tout cas dans cette histoire de rédemption un voyage initiatique presque inversé : adulte trop tôt, trop tôt plongé dans un monde sans pitié, Igor va doucement redevenir un enfant, à savoir un être d'innocence et de bonté. La profondeur du personnage force le respect, et la direction d'acteur est impeccable : Jérémie Rénier incarne l'entre-deux avec un naturel déconcertant, encore môme dans ses jeux (construire un kart avec ses potes), dans son physique (les dents qui lui manquent), dans son insolence, déjà petit trafiquant perdu dans ses rapports humains. En trois traits, la scène d'introduction nous le présente dans tous ses caractères : il vole le porte-monnaie d'une dame, dans un mélange de candeur, d'audace et de rouerie ; pas besoin de plus, le personnage est là. En irresponsable par nécessité, Gourmet lui oppose sa force bourrue avec génie, à la fois dangereux et touchant.

La_20PromesseJamais les Dardenne ne tombent dans la caricature pour dresser les portraits de ces deux êtres contemporains. Chacun d'eux a son ambiguité, la petite faille qui le rend profondément humain. Le filmage au plus près des corps, haletant, rageur, a fait la marque du cinéma des Dardenne ; il est encore une fois impeccablement pensé pour servir l'émotion. La subtilité des symboles (une statue cassée comme révélatrice d'un destin brisé, une bague quittée comme signe de la négation du père, un morceau de savon comme porteur de toutes les culpabilités enfouies, un couloir de métro comme image du cheminement moral), la finesse de l'écriture générale, la "netteté" de la trame, réduite à sa plus simple expression, tout fait hurler au génie. On suit ça comme un film de suspense, mais qui serait passé par les codes du film politique et de la désillusion des années 80. Le plus grand Dardenne, avec les 5 autres qui suivront.

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