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29 novembre 2009

Jenny Femme Marquée (Shockproof) de Douglas Sirk - 1949

vlcsnap_2009_11_29_10h21m38s112Il s'agit certes d'un petit Sirk, assez impersonnel dans la forme, dans lequel on ne retrouve pas vraiment l'esthétique du maître. Mais quand même, il y a dans Shockproof une très belle tenue d'ensemble, tant au niveau de l'écriture que de la mise en scène, et le film est finalement souvent surprenant et intéressant. On ne sait jamais trop où Sirk va nous emmener : on démarre sur une sorte de polar à l'ancienne, avec ce personnage de meurtrière en liberté conditionnelle qui manipule son tuteur. Puis on tombe dans une romance assez subtile. Et on finit par un mélodrame sur fond de course-poursuite à travers les States. Il y a donc pas mal à manger.

Les personnages sont vraiment bien écrits : Jenny, prise dans les rêts de la mauvaise vie, qui tente de se refaire une innocence, mais est rattrapée par son passé ; son tuteur, flic droit dans ses bottes, et qui va devoir par amour se frotter à l'illégalité et à la malhonnêteté ; le méchant de service, bien dessiné dans sa "morale" de voyou, et qui s'avèrera beaucoup plus sentimental que ce qu'on vlcsnap_2009_11_29_10h35m30s247attendait. Tout est question d'attirance, vers le bas ou vers le haut, chacun des personnages, à priori construit d'un bloc, gagnant à la longue une certaine ambiguité par ses va-et-vient entre honnêteté et damnation. Patricia Knight est vraiment bien dans ce rôle complexe : non seulement elle est d'une photogénie totale (les premiers plans jouent sur cette aura, en nous faisant croire que Jenny est une actrice hollywoodienne, avant qu'on n'apprenne qu'elle est en fait une ex-taularde), mais elle jongle parfaitement entre son côté glamour et son côté brave fille sans histoire. Dans le rôle du flic "à plusieurs couches", Cornel Wilde joue parfois trop pour la caméra, mais est lui aussi vraiment crédible, alors que le scénario le trimballe sans arrêt dans des situations pas simples à jouer.

Certes, encore une fois, la vision du bonheur pour Sirk est discutable : famille baignant dans un bonheur naïf, droiture morale, société tournant autour de l'homme... vlcsnap_2009_11_29_10h04m44s215Mais on sent que le cinéaste a aussi envie de nous faire goûter à la face sombre, en rendant poreuses ces deux visions de la société. Constamment pris en plan américain, dans des légères contre-plongées qui les écrasent sous les décors discrets mais remarquables, les héros de ce film semblent plus souvent entraînés par un destin incontrôlable que véritablement bons ou méchants. Pour cette subtilité-là, Shockproof est agréable à regarder, même s'il est plus modeste que la plupart des oeuvres de Sirk.

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