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26 novembre 2009

Les Finances du Grand-Duc (Die Finanzen des Großherzogs) (1924) de Friedrich Wilhelm Murnau

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Murnau se lance dans le film politico-comico-aventurier, et le résultat est tout à fait plaisant. Une histoire un peu alambiquée dont on devine dès le départ les tenants et les aboutissants (au second acte, on pourrait déjà pratiquement deviner comment le cinquième va finir), mais qui nous ballade dans de bien jolis décors naturels en Europe, notamment dont cette petite île de Rab en Croatie vraiment charmante. Des révolutionnaires qui ressemblent à des pieds-nickelés (la tronche du bossu !), un grand duc sans le sous mais loin d'être prêt à sacrifier la santé de son peuple pour sauver ses fesses (l'industriel qui veut exploiter les sulfates et qu'il conchie), un gentleman cambrioleur au grand coeur, une princesse russe anonyme qui se déguise en Gilbert Montagné, un vieil usurier maître-chanteur tout vilain... Bref toute une galerie de personnages qui nous trimballent entre cette île et le continent et un film qui, au final, ressemble surtout à une véritable petite partie de vacances sous le soleil méditerranéen.

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Le Grand Duc n'a pas plus une thune et se doit de rembourser une forte somme à un sombre grippe-sou. Il reçoit la visite d'un richard qui veut exploiter une partie de l'île en échange d'une grosse somme d'argent. Mais le Duc voit bien que cela risque de polluer méchamment l'île et l'envoie joyeusement paître. Il ne lui reste qu'une échappatoire : se marier avec la princesse russe Olga richissime, qui est prête à tenter le coup malgré l'opposition de son frère. Une sorte d'aventurier-voleur-gentleman (le sympathoche Alfred Abel dénommé de façon ridicule Phil(ipp) Collins - certes, bien avant que celui-ci sévisse sur les ondes radio F.M.) va intriguer, autant pour se faire de l'argent facile que pour le fun, et va se retrouver mêlé au destin du Duc : il va en effet racheter les dettes du Duc puis, sur le continent, rencontrer - pure coïncidence - la princesse Olga incognito qui tente d'échapper aux griffes de son frère, plus terrible qu'un Ivan. Lorsque le Duc sera lui-même sur le continent, un coup d'Etat va avoir lieu sur son île (à cinq, ils prennent le contrôle du pouvoir, c'est pire que Monaco) et à deux (rires), le Duc et Phil, ils réussiront à reprendre le pouvoir. Bon c'est un peu n'importe quoi, mais c'est bon esprit.   

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Il y a du Judex dans ce personnage de Phil, du Dumas dans "l'exotisme" de cette île, du Barbara Cartland dans cette romance (le mariage final entre le Duc et Olga tout jouasses sous le regard bienveillant du frère devenu soudainement moins terrible) et puis enfin une petite louche de comédie qui ne mange pas de pain : comme ça, dans le désordre, l'esprit carrément je-m'en-foutiste (vis-à-vis de sa fortune) et fataliste (mais ouais, il y a juste attendre que quelque chose nous tombe du ciel : justement, voilà un message de Russie parachuté par avion, trop fort) du Duc qui s'en sort super bien comme tout héros foncièrement juste et bon, les bras cassés de révolutionnaires affublés de déguisement terribles, le maquillage de carnaval de la princesse Olga en cavale, le sketch quand l'usurier rend visite à deux types déguisés en singe et en lion, les 312 lévriers de Phil Collins qui ravagent sa maison... Bref, c'est vraiment léger (mais la version, faut le dire est magnifiquement restaurée et superbement teintée) et on passe un assez bon moment de pur divertissement à suivre ces aventures du Grand Duc qui feraient presque penser à un épisode vintage et filmé de Tintin en Kroassie. 

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