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22 novembre 2009

Murder by Contract (1958) d'Irving Lerner

Petit polar en dehors des sentiers battus, tourné en sept jours, avec un héros à la coule - à l'image de cette petite musique légère comme une moussaka grecque. Irving Lerner n'a pas l'air de bénéficier d'énormes moyens et contourne aisément les séquences à "effets spéciaux" : c'est à peine en effet si on aura droit à un flingue qui fume, l'essentiel se passant généralement dans le hors-champ. Le personnage principal, Claude, interprété par un Vince Edwards sans affect, a toutes les allures d'un dilettante aussi froid qu'un carrelage en hiver même s'il sait se montrer efficace à l'occase - Claude n'est point un adepte du gun et effectue ses trois premiers crimes tout à l'arme blanche : on le voit affuter une lame de rasoir (cut), pointer un couteau à cran d'arrêt (cut), couper la respiration à un type sur son lit d'hôpital (pas cut : po vraiment d'effusion de sang non plus, dans le genre, juste un roulement d'yeux guère spectaculaire). On comprend qu'il a gagné ses premiers galons de tueur, et le voilà affecté à une mission plus pointue à Los Angeles.

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Il doit descendre une gonzesse qui doit témoigner à un procès deux semaines plus tard. Deux gaziers kafkaïens l'encadrent, deux bras cassés à son service : un type sérieux comme un pape mais faisant preuve d'un certain humour à froid, et un petit roquet qui ne cesse de la ramener (il appelle notre tueur Superman, le con) mais qui semble aussi costaud que les pattes d'un oiseau. Claude est zen est passe ses premières journées à profiter du coin : pêche sous marine (hors-champ), visite au zoo (hors-champ), golf (pas hors-champ, une balle, un tee, ça coûte pas cher quand même). Les deux autres types sont sur les nerfs pendant que notre Claude profite du climat... Bon, un jour quand même, il décide de passer à l'action et on sent que le gars a un cerveau po construit comme le nôtre : sachant que sa victime se lève tous les matins pour regarder la télé, il fout le poste sous haute tension ! Il avait juste po pensé à la télécommande. Il va jouer de malchance sur ce coup, mais va continuer de monter des plans un peu alambiqués pour arriver à ses fins...

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Irving Lerner, s'il accélère dans les cinq dernières minutes pour le fun, nous livre un polar noir vraiment pas speed, construit sur un faux rythme, mais qui finit ainsi par avoir un certain charme. Claude est le genre de gars plutôt paisible en apparence - il est devenu tueur pour se payer un ptite baraque - qui conchie les armes à feu (la visite dans le magasin d'armes est impressionnante... pauvres ricains...) et ne s'en sert qu'en dernier recours. Il a également une petite dent contre les femmes qu'il refuse de tuer, non point parce qu'il est gentleman, mais parce qu'elles sont "imprévisibles" - ça, bon dieu, ça l'énerve et son petit topo à ce sujet reflète le misogyne latent (voire plus que latent, oserais-je)... On pense qu'on aura droit à notre petit soupçon d'érotisme quand il appelle un call-girl, mais là encore, il ne se passera rien. No sex, no gun (enfin presque), no blood (ouais, le dernier plan), une sorte de polar existentialiste épuré qui repose et se regarde tranquillement avec un petit sourire aux lèvres. Ce coffret Columbia de films noirs s'achève et nous laisse bien aise.         

Commentaires
F
Voilà le film qui aurait le plus influencé Martin Scorsese. C'est un chef d'oeuvre d'efficacité et de sobriété qui n'a pas vieilli. Raconter une histoire simple avec une ritournelle de trois sous. Rendre signifiants les temps morts, fascinants les gestes anodins comme dans Melville. Aller jusqu'à tourner une scène de western urbain dans des décors de cinéma à l'abandon. Un bon film noir c'est une ambiance, de la conviction, du "tous les jours" et pas de baratin. CQFD.
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