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17 novembre 2009

Sex Jack (Seizoku) de Kôji Wakamatsu - 1970

vlcsnap_2009_11_17_18h23m00s8On ne peut pas dire que Wakamatsu est un cinéaste traditionnel. Après La Vierge Violente, sorte de trip halluciné mélangeant religion et politique, le voilà avec Sex Jack flirtant avec le happening engagé à la Godard. Difficile de cerner le fond de ce bidule barré, tant Wakamatsu met son point d'honneur à rendre expérimental le moindre plan, à tordre tous ses cadres, à opacifier toutes ses idées. Ce qu'on comprend en substance, et c'est déjà beaucoup, c'est que le film milite ni plus ni moins pour la révolution armée, fustigeant les étudiants engagés qui ne savent pas passer à l'action. On suit les aventures d'un petit groupe de jeunes gauchistes recherchés par la police, contraints de se planquer dans un appartement. Ils sont secourus par Suzuki, un gars qui ne paye pas de mine au début, mais qui va s'avérer le plus radical d'entre eux. Les gugusses passent tout leur temps à forniquer avec l'actrice du film, au grand dam de Suzuki qui aimerait bien les voir faire un peu plus de politique. Quand viendra le moment, il saura se montrer à la hauteur, dézinguant à qui mieux mieux l'essentiel de la distribution.

vlcsnap_2009_11_17_18h34m46s152L'utopie étudiante des années 68 en prend un coup dans les plumes sous le regard de Wakamatsu. Les soi-disants révolutionnaires ne sont que de priapiques gamins apeurés, incapables de pensées, désoeuvrés et légèrement crétins. Le monde dans son ensemble n'est pas plus enviable d'ailleurs, constitué de décors de banlieues grisâtres, de boue cradingue et de ville nocturne sans relief. "Tout est pourriture", murmure la jeune femme au moment de ses orgasmes, et on ne peut pas dire que ce soit très faux : Sex Jack est affreux, nihiliste, désespéré. Un malaise prenant émerge de ces plans filmés en focale très courte, transformant chaque travelling en une sorte de micro-mouvement étouffant qui augmente encore le sentiment d'enfermement des personnages.

L'ennui, c'est qu'à force de filmer le vide, Wakamatsu réalise un truc un peu chiant, répétitif et désincarné. C'est sûrement le but visé, mais le fait est qu'on se lasse assez vite de la chose une fois le principe compris. vlcsnap_2009_11_17_17h35m11s241Ces inlassables cadres sur le visage de la nana entre souffrance et jouissance font long feu, et le film peine à relancer l'intérêt. C'était un challenge que de filmer l'ennui et l'inactivité, mais ça ne fonctionne pas. Wakamatsu a beau tenter des diversions (un passage à la couleur aux deux tiers, une ou deux escapades extérieures, un peu d'action dans sa toute fin), on reste avec l'impression d'une chose exsangue et purement conceptuelle. Pas assez profond peut-être, ou trop, mais en tout cas on suit ça mollement. Le talent du gars est indiscutable, il suffit de voir ces premières scènes (des révoltes étudiantes filmées au plus près, impressionantes), mais peut-être devrait-il cesser de se prendre pour un dangereux libertaire, et, à l'instar de ses personnages, passer plus souvent à l'action.

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