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Shangols
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17 novembre 2009

Mary et Max (Mary and Max) (2009) d'Adam Elliot

19121960

Voilà un film d'animation bourré de petites trouvailles craquantes, même si le fond demeure terriblement noir. Les amitiés épistolaires entre une petite fille australienne toute complexée et un quadra juif new-yorkais tout dépressif. Quand les deux s'écrivent, c'est forcément pour se raconter tout leur malheur, leur angoisse, leur fantasme, leur passion pour le chocolat... mais aussi pour se serrer les coudes au-delà des milliers de kilomètres... Il est si bon d'avoir enfin un véritable ami auquel on peut confier ses avalanches de problème. 19157079L'omniprésence de la voix-off finit par se faire un peu pesante, mais ce serait bien la seule vraie réserve à avoir devant ce petit trésor d'inventivité à l'esthétisme superbement travaillé... au noir. Certes, ce n'est pas toujours d'une gaieté folle dans le fond, mais c'est justement ce qui rend cette histoire aussi attachante (marre des bons sentiments "bon enfant"...); et ce d'autant qu'un humour (noir, oui, certes) souffle constamment sur ces petites saynètes plus cocasses les unes que les autres. Plutôt que de tomber dans un pathétique mou à force de s'en prendre plein la tronche, les deux personnages luttent vaille que vaille et parviennent toujours par reprendre contact comme pour attiser cette microscopique lueur d'espoir qui est en eux. Dit comme cela, c'est peut-être un peu mortifère, comme peut également le faire croire l'ambiance des photos ci-contre, mais en fait on tressaute d'un petit rire grinçant tout du long... Difficile en effet de rester stoïque ou de se morfondre quand un mime de rue se prend un climatiseur sur la tronche (un des summums du bazar) ou quand notre Max, plus timide et peureux qu'une taupe dans un champ de mines, se frotte les aisselles avec des oignons pour éloigner une donzelle qui se jette sur lui à la moindre occasion (on pourrait citer un milliard d'exemples méchamment originaux...). Mary et Max collectionnent les petits travers et les petites péripéties ennuyeuses de la vie (le pire étant peut-être cette solitude qui les bouffe de l'intérieur) mais se supportent l'un l'autre, comme un vieux couple de potes, pour éviter le naufrage. Deux grands dépressifs pour un magnifique film d'animation jamais déprimant mais plutôt poilant. Respect.   (Shang - 11/11/09)

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Très nettement un ton en-dessous par rapport à mon camarade : pour moi, Mary and Max a tout du ratage, et m'a même fait penser, comble de l'horreur, aux premiers films de Caro et Jeunet. Il y a cette même façon de plaquer un style fabriqué sur chaque idée, quitte à laisser au placard toute sincérité, juste pour épater la galerie. Ca commençait pourtant plutôt bien, avec cette petite fille moche qui entretient une relation trouble avec un vieux non moins moche. On se dit dans les premières minutes que Elliot a choisi comme objectif de parler de choses vraiment dures à travers l'animation : la pédophilie, l'inceste... On est prêt alors à accepter que le monde nous soit présenté dans ces couleurs grises, moches, en imaginant que c'est une projection du mental des personnages, et on sourit aux incursions d'un vocabulaire pas très courant dans ce type de productions : ça parle d'alcoolisme, d'urine et de pets, ok, on prend.

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Mais très vite, tout ça vire au système, et Elliot se vautre avec délectation dans son cynisme fabriqué. Non, ça ne parlera pas de pédophilie, mais d'une amitié par-delà les frontières. Pourquoi dès lors mettre son point d'honneur à plonger tout ça dans une laideur complète ? Aucun personnage, aucun objet, aucun décor ne présente la moindre petite lueur d'espoir : tous sont moches, gris, ternes, tordus, borgnes, obèses, etc. Elliot semble confondre inquiétude et laideur, et le film finit par tourner à al complaisance totale. On préfère dix fois le chat pelé de Coraline à cet univers fermé par tous les bords, qui condamne tous ses motifs à plonger dans la tristesse. Chez Selick, il y a une vraie noirceur, une vraie prise de risque ; chez Elliot, ce n'est qu'un style boursouflé, une insolence de gamin qui croit que prendre systématiquement le contre-pied des films d'animation suffit à être novateur. On aimerait qu'il regarde le monde autrement que dans ce système unilatéral, qu'il constate qu'il y a autre chose que des tombes, des yeux crevés, des poissons morts et des freaks à filmer. Bien sûr qu'il est sain de mettre un peu d'impureté dans les dessins animés : encore faut-il que ce soit justifié, que ce soit sincère, que ça serve à quelque chose. Là, rien, juste une morbidité de pacotille qui ne sert jamais le propos. On finit par deviner très en avance les idées (le chat du héros de dos : on sait que quand il va se retourner, il va être horriblement moche), on aime jamais les personnages, et on soupire devant l'artifice de ce film faussement impoli.

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La mise en scène est dans la même veine, jamais inventive, trop lente, et paresseuse dans son montage. Le scénario itou, vraiment pas passionnant et prévisible. Seule l'animation marque des points, dans cette façon de ne pas tout faire bouger coûte que coûte : les visages sont souvent immobiles, juste marqués ici ou là de quelques expressions vraiment bien senties (le visage de Mary qui se craquelle sur toute sa longueur quand elle découvre la dernière lettre de Max), et c'est pas mal. A part ça, un ratage : trop trash pour les enfants, trop truqué pour les grands.   (Gols - 17/11/09)

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