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Shangols
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9 novembre 2009

Welcome de Philippe Lioret - 2009

19032644_w434_h_q80Lioret avait beau être à l'origine d'un de mes grands fou-rires de l'an passé (Kad Mehrad et son mythique "L'escalade" dans Je vais bien, ne t'en va pas), j'avoue être entré dans la salle à reculons : il a fallu la force de persuasion de ma maman et l'occasion d'une séance "pour la bonne cause" pour que je me décide. Mais cessons de nous justifier et affrontons la chose.

Welcome n'est pas nul. C'est déjà ça de pris. Tout en bonne conscience de gauche et en noblesse d'opinions, Lioret peste contre les lois anti-solidarité de Sarko, il est pour la fraternité et contre les migrants qui meurent de froid, et il a bien raison. Il invente donc une historiette emplie de sentiments humains : l'histoire d'un maître-nageur confronté à la volonté d'un sans-papier irakien de traverser la Manche à la nage pour gagner l'Angleterre. Dans le rôle du maître-nageur, Lindon, dont on connaît l'oeil mouillant dès qu'il s'agit de jouer les bougons au grand coeur ; dans celui du migrant, un jeune gars convaincant. On éprouve bien entendu toute la sympathie possible pour ce combat, 19036310_w434_h_q80d'autant que les méchants sont méchants : des flics obnubilés par les quotas, des voisins malveillants, la mer démontée et des partisans du mariage forcé, quelle misère. Au bout du compte, on se dit : ouais, merde, il faut aider les sans-papiers. Comme avant d'avoir vu le film, me direz-vous, et je vous trouve un peu chafouins. Là où vous avez raison, c'est que le film ne sert à rien, enfonçant les portes ouvertes de la bonne conscience citoyenne sans l'égratigner, des fois que ça fasse perdre des entrées. Ceci dit, il a le mérite d'être parfois bien réalisé, et surtout monté plutôt intelligemment : le rythme est bon, on ne s'ennuie que tous les quarts-d'heure environ, surtout parce qu'on sait exactement tout ce qui va suivre, et que ça arrive effectivement.

Mais, et c'est bien le problème dans tous ces films un peu crétins mais sincères qui veulent faire de la politique, le fond du problème est à peine esquissé. On ne verra pas dans Welcome la misère politique, on ne nous montrera pas la crasse, on mettra des frontières à chaque fois que le spectateur pourrait réfléchir. 19036308_w434_h_q80Comme un discours centriste, le film explique que la solidarité pour les sans-papiers se justifie par le fait que ceux-ci sont souvent brillants et formidables. Le jeune homme est un amoureux transi qui veut entrer en Angleterre pour rejoindre sa copine ; il est par ailleurs promis à un brillant avenir sportif (on le voit jongler avec un ballon de foot, ou nager comme un dieu); il est beau, intelligent, sympathique et glamour : le discours du film devient du coup assez flou. Non, la solidarité ne se justifie pas parce que les migrants sont sympathiques, tout comme l'abolition de la peine de mort ne se justifie pas par le fait qu'on tue des innocents (cf. True Crime d'Eastwood, raté pour les mêmes raisons). Lioret aurait été bien plus courageux en faisant de son personnage un vieux cracra et analphabète, et son discours aurait été tout autant valable. Manque de courage certain que de faire de son exilé un cas particulier.

Lindon aussi, dans un pénible exercice de gabinisation (renforcé par la présence de Michèle Morgan en guest-star télévisée), est trop "star", trop touchant, trop trop. Lui aussi est un cas particulier, qui décide d'aider le jeune gars par recherche de tendresse (il est en plein divorce) ou pour impressionner son ex-19032643_w434_h_q80femme. Là aussi, on aurait préféré que sa solidarité soit plus gratuite, moins intéressée. Mais il aurait fallu pour ça une autre finesse d'écriture, il aurait fallu se frotter réellement à la crasse et au doute, il aurait fallu mettre en danger les opinions de son public. Lioret ne mange pas de ce pain-là, et réserve toute la place à sa star plutôt qu'à son sujet. Fort heureusement, il réussit encore une fois une scène hilarante, une séquence de sexe toute en grognements d'ours et en mains qui se serrent, à se taper sur les cuisses de ridicule. On dira que c'est plus réussi que le précédent Lioret, et si vous considérez que c'est suffisant pour aller voir Welcome, allez-y.  (Gols 11/04/09)


Ce n'est pas avec de bons sentiments qu'on fait... C'est ça. Welcome, comme son titre l'indique, reste au niveau du paillasson, et avec toute la meilleure volonté du monde, on se dit que le cinéma français "social" est quand même rudement pathétique. Lindon, qui endosse pour la énième fois sa panoplie d'épagneul breton atteint de cataracte, est plus triste qu'un flic de gauche, et Lioret, comme pour essayer de nous faire comprendre que son film est profondément triste, se sent forcé de nous balancer constamment un petite musique au piano impitoyablement larmoyante (il doit y avoir une pause de deux minutes, uniquement quand les flics apparaissent). Le scénario est, comme le soulignait mon comparse, tellement téléphoné qu'on le croirait écrit par une équipe de France Telecom au bord du suicide - ça doit se trouver facilement, remarquez. On a beau tenter de chercher (voilà cinq minutes que je dors sur mon clavier), on ne voit guère quelle idée intéressante on pourrait garder... Tout est mièvre et plus déprimant qu'une soupe froide : le coup de la médaille d'or volée et rendue (ouah!), de la bague retrouvée, donnée et rendue (et une fois, et deux fois, et trois fois...), le coup du voisin F.N. anti-homo (quel personnage fouillé!), le coup de ce con d'Irakien qui n'arrive pas à plier le canapé-lit (... Ouais, en Irak, tu vois, on est toujours au Moyen-Age), le franglais de Lindon ("Why do you wante to leurne haow to swwwwimmmm, hein ?" - "You can take the ring, allez prends-la bordel !" - croustillant), les trois-cent-quarante-trois regards en coin entre Lindon et son ex dans le genre "ouais mais c'est comme ça mais c'était plus possible tu vois même si bon tu sais", le mariage forcé de l'Irakienne (la goutte d'eau qui fait déborder le tchannel)... Ah ben non, j'ai beau chercher, je ne trouve que des idées à deux boules (je viens de le voir pourtant, et on dirait que mon cerveau fait déjà tout pour le mettre dans la corbeille, diable). Même si les "Dossiers de l'Ecran" existaient encore, je me demande finalement s'il ne vaudrait pas mieux programmer ce film pour un spécial "La natation, un sport utile" que pour évoquer "le problème dramatique des sans-papiers avec ces flics tellement méchants et ces bonnes gens du Nord tellement gentilles mais po toutes". On attend avec impatience le prochain film de Lioret sur "L'Identité nationale, un Problème complexe" - nan, je déconne. Welcome, un film vraiment courageux qui fera plier la droite - de rire. "Sur la plage abandonnée, coquillages..." (Shang 09/11/09) 

welcome_haut

Commentaires
M
PARIS VU PAR... saison 8 :<br /> <br /> <br /> <br /> Jean Sorel, déambulant , ce soir, vers 19h, Place Clichy....<br /> <br /> Mâtin ! Superbe et sémillant, il fait 20 piges de moins que ses 80 passées. <br /> <br /> Comment a-t-on pu, un jour, trouver qu'il ressemblait à Delon ??!!<br /> <br /> En 2016, en tout cas, y a pas photo: c'est bien Jean de Chieusses de Combaud Roquebrune (son vrai matricule à particule) le plus beau. <br /> <br /> L'air sympathique, en plus. Au contraire de l'autre.
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J
C'est vrai que le nouveau Lioret, "Le fils de Jean" est un film superbe, subtil, magnifiquement cadré, avec un scénario mystérieux très bien construit. Bravo Lioret, peut-être son meilleur film !..
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J
Bon, "Welcome" ne mérite pas trop d'ironie. Il y a deux scènes très fortes cinématographiquement, très physiques: celle du camion au début et celle de la nage dans la Manche à la fin, qui se répondent. Pour le reste, je suis resté sur ma faim en termes de cinéma, ayant souvent le sentiment de regarder un téléfilm de luxe. Personnellement, j'aimerais que P. Lioret laisse les sujets "sérieux" et refasse des films aussi drôles, rythmés et accomplis que "Tenue correste exigée".
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