Straight Shooting de John Ford - 1917
Petite déception par rapport au joli Bucking Broadway de la même année : Straight Shooting ne comporte aucun morceau de bravoure, racontant mollement sa trame hyper-convenue dans une succession de plans la plupart du temps très fonctionnels. On peut toujours s'amuser à déceler ça et là les traces du cinéma futur de Ford (le plan mythique de John Wayne pris dans l'ouverture d'une porte, dans The Searchers, est ici décliné 40 fois), on peut ironiser sur le jeu poilant de Harry Carrey (quand il réfléchit, le bougre se frotte les lèvres avec son pouce, geste que Bogart lui piquera sans vergogne) ou sur ces voyous de cow-boys aussi dangereux que moi. Mais c'est bien pour dire : l'essentiel est assez poussif, jusques et y compris dans la scène de fusillade qui se voudrait échevelée et qui n'est qu'une succession de plans frontaux sans imagination. On notera quand même quelques tentatives de décupler les profondeurs de champs, ou de ménager des nouveaux cadres à l'intérieur du cadre (bouquets d'arbres, fenêtres, voire fermetures à l'iris qui transforment lors d'une séquence le film en brouillon de western-spghetti). Ces rares idées sont ma foi fort jolies, et montrent que Ford en a sous le pied ; dommage qu'il ne se laisse pas aller au spectacle, concluant même son film par un happy-end convenu et maladroit. Un petit plaisir de cinéphile, celui de se taper une rareté, mais une frustration par rapport aux inventions habituelles de Ford.
Go old west, here