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29 octobre 2009

Les Mendiants de la Vie (Beggars of Life) (1928) de William A. Wellman

Situé pendant la grande Dépression - "it's raining hoboes (clodos), allelluia...!" -, un film américain qui donne un vrai rôle (ils se comptent sur les doigts d'une main) à notre chtite Louise Brooks. Wellman n'est pas du genre à arrondir les angles et sa vision décharnée d'une Amérique peuplée de vagabonds errants ferait passer The Road de McCarthy pour une promenade de santé. Pas facile de trouver alors sa place, surtout quand, en plus, on se retrouve recherché par la police... (on penserait presque à Sin Nombre vu récemment, d'autant que l'essentiel du film se passe sur un train...) Louise Brooks s'associe avec un bon Samaritain et s'attache à lui comme un pot de glu pour qu'il l'aide à traverser indemne ce monde de brutes. L'avenir est sombre, à moins qu'un petit coup de pouce du destin montre le bout de son ongle.

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La première séquence est happante. Un vagabond - on voit bien qu'il a pas dû bouffer dans un resto coté au Michelin depuis un baille - aperçoit derrière sa porte un homme qui s'apprête à prendre son petit dèj. Il frappe, rien, décide de rentrer. Il lui parle, que dalle, s'approche, non bien rien, l'homme ne bouge point. Ah ben oui, forcément, il a un trou dans la tempe. On pense qu'un autre vagabond est déjà passé par là, avant de découvrir Louise à l'étage : celle-ci se montre à découvert, s'approche de ce vagabond qui n'a pas l'air bien méchant, et lui raconte son histoire (le visage de Louise restant en surimpression, sur les images de ce flash-back qui, dorénavant, l'obsèdent); adoptée par ce fermier, elle devait subir ces derniers temps de plus en plus d'attouchements. La dernière tentative du gars lui a été fatale, Woody Allen a détruit le film (hum...). L'homme lui dit qu'elle doit se barrer en sautant dans un train mais chacun prendra une direction opposée. Cela ne sera po si simple... On assiste finalement à une superbe nuit de douceur lorsque nos deux jeunes gens sans le sous rêvent allongés sous une meule de foin, et ce... avant une nuit de terreur : après avoir rencontré une horde de clochards avec lesquels ils prennent un train d'assaut, nos deux jeunes gens se retrouvent au centre d'un "tribunal populaire" d'opérette organisé par le fort en gueule de la troupe; il veut, ni plus ni moins, se débarrasser du gars en le jetant du train et garder la fille sous sa coupe (la Justice a déserté ce monde jusque dans les tréfonds de l'humanité). Heureusement la chtite Louise, maline comme tout, déclenchera une bagarre générale - l'Enfer sur Terre - et nos jeunes gens de pouvoir prendre la fuite. Seulement les flics se font, eux aussi, de plus en plus pressants, et notre fort en gueule auquel il reste un soupçon de sensibilité (rallumée par l'amour qui perce chez les deux tourtereaux) décide de monter tout un plan pour que Louise soit libre, à jamais...

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On est un peu surpris de voir que finalement, le fort en gueule, Oklahoma Red (Wallace Beery) devient tout d'un coup, dans le dernier tiers du film, le vrai héros de cette histoire ... Exit les deux jeunes qui peuvent vivre d'amour et d'eau fraîche, place au combattant hirsute qui, pour faire la nique à la police, échafaude toute une histoire macabre - comme si Wellman ne tenait point à rester sur une quelconque note d'optimisme, mais voulait montrer jusqu'au bout le drame de ces "sacrifiés" économiques. C'est noir de chez noir d'autant que la plupart des scènes se situe de nuit - ajoutez à cela une copie super sombre et vous avez une idée du tableau. Bel abattement de Louise et de son jeune compagnon (Richard Arlen), pleins de fougue et de rage pour tenter de s'ouvrir une voie dans ce monde super wild... Wellman réussit parfaitement, une nouvelle fois, à nous plonger dans les racines de cette époque où les instincts primaires faisaient fureur.   

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