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Shangols
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GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
28 octobre 2009

Le Cheval de Fer (The Iron Horse) de John Ford - 1924

ironhorseLa Fox semble avoir aligné les zéros sur le chèque accordé à Ford pour réaliser The Iron Horse : cette épopée énorme déborde de moyens et d'ambitions de tous les côtés, et il faut avouer qu'on en a largement pour son argent au niveau spectacle. Le film retrace mètre par mètre ou presque la longue histoire de la construction du chemin de fer américain, depuis le pauvre pionnier rêvassant face aux terres vierges jusqu'à la fiesta une fois la chose accomplie. Ford n'omet aucun des mille détails qui ont fait cette aventure, et livre une véritable page d'encyclopédie à l'usage des futures générations. Très patriotique et solennel, le gars aligne les péripéties, des plus épiques aux plus sombres. On a ainsi droit aux inévitables batailles rangées des Cheyennes, qui à l'époque n'étaient considérés que comme des cibles mouvantes à abattre et comme des ennemis du progrès bas du front ; oui, ils avaient peut-être des raisons d'être contre la construction du rail, mais Ford évacue tout ça dans l'oubli et les fait tomber un à un de cheval dans des convulsions atroces avec une joie évidente. Salauds de rouges. Mais le film est pourtant brillamment oecuménique parfois : si les Peaux-Rouges sont LES ennemis, le film reconnaît en même temps leur part de taff aux Chinois (ridiculisés cela dit par la musique), voire aux Afrofox_20us_20iron_20horsePDVD_007-Américains dans les dernières minutes. Bon, c'est sûr qu'ils bossent moins bien que les blancs, hein, mais ils sont là quand même, et du coup ils ont même droit à un échange de chique à tabac fraternel.

Et puis les Blancs ne sont pas exempts de tares non plus, puisqu'on voit aussi les conflits d'intérêt en jeu dans l'entreprise : les méchants principaux sont de vénaux hommes d'affaires tentant de faire passer le trajet du train au plus près de leurs intérêts (un peu comme l'A75 pour Giscard, voyez ?) et n'hésitant pas à semer deux-trois cadavres derrière eux pour assouvir leurs ambitions. Dont acte, même si on trouve un peu louche que le Salaud total soit une sorte de sang-mélé Cheyenne/Ricain (pas tout à fait "fini" en plus, puisqu'il lui manque trois doigts à la main droite). Mais baste : le film, oui, est de droite et honteusement partisan, traitant le progrès comme la circonstance atténuante ultime de ses douteux discours ; mais il est aussi un manifeste sur-puissant sur la fraternité, et réussit souvent à exalter le spectateur. Les scènes de foule sont foisonnantes, et on touche concrètement du doigt l'exploit de la chose. L'Histoire des USA y est illustrée avec beaucoup de talent, et Ford arrive à trouver dans cet immense fox_20us_20iron_20horsePDVD_015barnum sa patte et sa finesse : on voit les 10000 bisons courir dans tous les sens, les 50000 ouvriers trimer comme des sourds, le président des Etats-Unis, le déménagement d'une ville au grand complet, c'est énorme; mais le film laisse toujours sa place aux personnages, dans une alternance entre grande et petite Histoire parfaitement menée.

Car il est aussi là-dedans question d'un jeune couple amoureux, d'un bon vieil Irlandais alcoolo, et d'une foultitude de petits parsonnages traités avec douceur par un Ford décidément bien humaniste. Les scènes intimes n'ont rien à envier aux gigantesques, et quand les deux fusionnent à la fin (très jolie idée de faire se réunir le couple maudit en même temps que les deux voies du rail), on se dit qu'on a assisté à un specatcle total ma foi bien réussi. Les occurences du western sont déjà charmantes (une scène de bagarre au saloon pleine de suspense), et Ford se monte souvent bien plus habile que Griffith, sur une même ambition (Intolerance) pour conserver à son épopée un caractère humain précieux. Du bien beau travail, plus sympa à regarder que "Le Dessous des Cartes".

Go old west, here

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