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23 octobre 2009

Erotikon (1929) de Gustav Machatý

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Rien que le titre me faisait rire, comme quoi parfois il ne me faut vraiment pas grand-chose pour me motiver. Ekstase, précédemment vu, recélant quelques passages de choix, je pensais qu'on atteindrait cette fois quelque summum dans l'érotisme vintage. Un poil déçu tant la scène "fondatrice" n'est pas ... si olé-olé que ça... Certes la situation insolite fait monter la tension d'un pouce : un voyageur dans une gare qui rate le dernier train et sympathise avec le chef d'icelle; quand ce dernier se barre, il laisse le voyageur seul avec sa fille : on se dit qu'il y a anguille sous roche. Notre voyageur se permet de lui offrir un petit cadeau (le fameux parfum Erotikon qui sent très bon) et la chtite,.. de retourner dans son lit. Oh ben non! Mais mais mais, le téléphone sonne, la chtite refait une apparition dans sa robe de chambre qui découvre ses jolies gambettes, notre voyageur s'approche, lui suce le doigt (rah, ça c'est traître) et l'autre de s'abandonner en fermant les yeux. Chambre, lit, quelques mouvements sur ces corps sans qu'on sache vraiment dans quelle position ils se trouvent, ah si voilà une tête, une deuxième, un baiser durant lequel les deux visages se fondent et là et là, the plan érotik of the century : plein cadre sur une vitre avec une goutte d'eau qui vient s'accoupler littéralement avec une autre - c'est énorme; on se dit qu'il y a eu pénétration, voire ovulation (ça va vite dans le cinéma muet) et on se trompe guère vu que la fille du chef de gare accouchera 4 jours plus tard (ouais, on ne se rend pas vraiment compte du temps qui passe, mais c'est en effet super rapide).

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L'empafé de voyageur est lui depuis longtemps dans ses pénates et on réalise que le petit saloupiot, sans vraiment se soucier de ce petit coup de passage, collectionne les aventures, notamment avec une femme mariée. La chtite lui écrit, un véritable appel au secours, il s'en tape. Elle décide alors de se rendre chez sa tante où, comme on l'a dit, elle accouchera (un bébé mort-né comme leur amour, se dit-on pour tenter de trouver un truc intelligent) et, sitôt rétabli, se met à errer dans la nuit... Il lui arrive une foultitude d'aventures (un type en charrette qui la ramasse, tente de la violer mais non, un type moustachu en voiture intervient, la sauve mais il est blessé dans l'action; elle, toute gentille, se fait transfuser des litres pour sauver son sauveur, ils se marient, on a rien vu venir). Comme le hasard fait bien les choses, elle recroise, au bras de son nouvel homme, le voyageur. Et ? Elle le snobe ? Penses-tu! Son mari a à peine le dos tourné qu'elle lui lance des regards tout enamourés. Lors d'une partie d'échecs dantesque, les deux hommes semblent jouer leur amour. Mais la fille n'a d'yeux que pour son ex d'un jour, le moustachu est dégouté, nous aussi. On voit venir gros comme une maison la réunion des deux tourtereaux initiaux. Seulement le voyageur doit encore régler quelque compte avec son passé, non seulement une amante (vite lourdée) mais surtout son gros mari jaloux et po commode...

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On s'ennuie pas une seconde au niveau de l'intrigue, et Machatý nous gâte une nouvelle fois au niveau du montage, fort dynamique (à l'image sûrement de la vie moderne à la fin des années 20 où notre héros passe sans vergogne et rapidos d'une conquête à l'autre - c'est mal, ehehe) ainsi que des cadres souvent relativement originaux : un baiser vu de haut - c'est pas d'un grand intérêt mais c'est bien essayé; des plans subjectifs en caméra portée - un peu tremblant mais cela donne un genre... J'aime particulièrement les gros plans du cinéaste à chaque fois que les deux amants d'un jour se rencontrent : du coup de foudre - le regard fusionnel - aux retrouvailles - malgré la rancune de la femme, le petit éclat est encore là -, d'autant que l'héroïne (Ita Rina) a un bien joli minois. Même si l'amateur de film X sera un peu déçu (oui, on rigole), il y trouvera cinématographiquement son dû, tant Machatý apporte un réel soin à traduire en image l'attraction et les petites attentions entre les personnages qui s'aiment, souvent "en secret" - des mains qui se caressent pendant que le mari a le dos tourné (mais non le bougre, il veille!), une amante qui téléphone la nuit, en cachette, pendant que son mari dort (mais non le bougre, il veille!) et encore et toujours des regards qui s'échangent, toujours lourds de sous-entendus. Du beau boulot Gustav.

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