No Room for the Groom de Douglas Sirk - 1952
On surprend Sirk en pleine sieste avec ce tout petit film très poussif. On ne retrouvera là-dedans à peu près rien de ce qui fait le charme du compère, et on le choppe même en totale paresse dans la direction d'acteurs et l'écriture de scénario. La seule idée mignonette de la chose, à vrai dire, c'est l'idée de base : un jeune militaire se marie en douce avec sa promise ; mais suite à un concours de circonstances ballot, le mariage ne peut être consommé dans l'heure. Tout le film va balloter notre pauvre gars de déconvenues en frustrations, retardant ad nauseam le moment où il pourra enfin forniquer avec son épouse. Concept taquin et qui donne une texture presque érotique à l'ensemble, Sirk n'étant pas avare de sous-entendus finauds quant à la chose.
Mais sur une idée aussi précieuse, Sirk ne parvient jamais à réaliser quoi que ce soit. La faute aux personnages surtout, tous antipathiques à commencer par le couple vedette lui-même : lui, efféminé, grimaçant, trop jeune ou trop fragile, est agaçant dans ses faiblesses. Tony Curtis, décidément fade comme tout, ne maîtrise aucun des rythmes classiques de la comédie, et s'agite désespérément comme une follasse sans parvenir à donner une quelconque épaisseur à son personnage (il y avait du boulot, ceci dit, le personnage étant écrit sans subtilité). Elle, jeune première sans rien à défendre, minaude au second plan ; c'est Piper Laurie qui s'y colle, et elle est transparente. Même la mise en scène d'habitude au taquet du maître est passée ici à l'essoreuse, et en ressort avec quelques-uns des grands motifs sirkiens, mais complètement délavés : son emploi des fenêtres comme prolongation de l'inconscient des personnages se réduit ici à un premier degré trop lisible, et son utilisation des escaliers ne nous donne droit qu'à quelques contre-plongées sans envergure. D'élégance, point, de glamour, nibe, de pétillement, queude. Un film à oublier dans l'oeuvre de Sirk.
Search all Sirk here