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Shangols
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GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
11 octobre 2009

Un Amour de Swann (1984) de Volker Schlöndorff

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Ah la légèreté pétillante de Charade, rohh la pesanteur terrible d'Un Amour de Swann. La mise en scène de Schlöndorff est plus proche de celle d'un éléphant que d'un cygne - en plus, dès le départ, cette coproduction au casting international se voit forcément contrainte au doublage multiple : si Jeremy Irons hérite, par chance, de Pierre Arditi (qui aurait mieux fait, tant qu'à faire, de le remplacer carrément : Irons, dont je ne suis pas vraiment fan, joue comme un fer à repasser, ne changeant pas d'expression du visage de bout en bout (la mine triste, le regard tout rond - et je ne parle point de son allure raide comme un tuteur de tomate)), la pauvre Ornella Muti, elle, se tape Micky Sebastian (!?) qui, d'après nos amis de Wikipedia, double Sharon Stone et Jodie Foster - affreux, on se croirait dans Les Feux de l'Amour. Bref, d'entrée de jeu on est vraiment refroidi, et l'arrivée de Delon, en Baron de Charlus, qui semble sous tranxène (il sortait de Notre Histoire et cuvait ses litres de bières ou il se préparait pour le rôle ?)  ne vient pas franchement nous réjouir. Ah il y a de bien jolis décors et de belles toilettes, rien à dire, mais au niveau du feeling, on est à l'agonie. Dès que Jeremy Irons voit Ornella, soit il fait une crise de tétanie (se pique le type, po possible pour avoir un regard si dénué d'expression), soit il s'empresse de plonger vers ses seins qu'elle a gracieux, certes, la coquine (et qu'on nous montre amplement d'ailleurs, peut-être le seul intérêt pour être totalement franc... pardon). Leur scène au lit est aussi torride qu'un téléfilm sur M6 et on se prend tout d'un coup à penser que c'est quand même le gars Proust qui était à l'origine de la chose. On est d'autant plus déçu que la présence de Peter Brook et de Jean-Claude Carrière, entre autres, au scénar, pouvait laisser entrevoir un peu plus de flamboiement dans cette adaptation. Seule une réplique m'a vraiment mis en joie (pas le courage de feuilleter Proust pour voir si elle émane de l'oeuvre originale) lorsqu'Odette de Crécy (Ornella) demande à Irons (Swann) s'il pense qu'elle n'a pas de goût; il lâche un "Si, tu as ton goût" d'une causticité affreuse. Après, on sent bien qu'il ne pense qu'à fondre sur elle couchée sur son divan pour lui mordre le téton. Pas vraiment sous le charme non plus de la photo signée du grand Sven Nykvist, enfin peut-être est-ce dû tout simplement au fait que je ne sois jamais vraiment rentré dans le film. Me suis même mis à me marrer en reconnaissant ce pauvre Jean-Pierre Coffe en maître d'hôtel - qui balance malheureusement aucune tranche de jambon sur ces invités huppés. Bref, cela m'a un peu coupé dans mon élan de voir Le Temps Retrouvé de Ruiz qui m'a l'air, de prime abord, guère plus enthousiasmant... Des encouragements ?

alain_delon

Commentaires
O
J'attends encore (;-), et Ruiz vient de mourir ; dépêchez vous de regarder 'Le temps retrouvé..' et de me donner votre avis avant que je ne meure moi-même ...
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O
J'attends vos commentaires de pur cinéphile avec impatience !
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S
Merci beaucoup Osiris pour cet avis avisé: je reconnais pour ma part n'avoir point eu le courage de me pencher sur le Ruiz, film peut-être que je me tenterais sans avoir lu La Recherche pour voir l'impression que cette oeuvre peut avoir sur un esprit "vierge" de Proust - ou en tout cas vierge de la lecture de ce dernier tome... Et pis ensuite, oui, m'y mettre!
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O
Je reviens de cette fameuse matinée chez la princesse de Guermantes, qui -grande nouvelle- n'est autre maintenant que Madame veuve Verdurin, remariée au Prince de Guermantes, lui-même veuf ! Qu'ils ont tous vieilli..<br /> <br /> Je veux dire, en clair, que je viens de regarder le film de Ruiz (je l'ai regardé en deux fois 1h15', deux soirées de suite, ce qui est à recommander) et que, comme promis, je reviens donc vers vous, mon cher Shang !<br /> <br /> Cette soirée chez la Princesse de Guermantes est le grand 'final' de 'La Recherche', en fin du 7ème volume (Le Temps Retrouvé) ; comme son nom l'indique, le film de Ruiz repose sur tout ce dernier volume (celui de Schlöndorff, traitait de l'histoire de Swann : une histoire racontée à la troisième personne, dans la grande histoire de 'La Recherche', racontée à la première personne).<br /> <br /> Parti pris courageux que de traiter 'La Recherche' par la fin : cette fin somptueuse trouve tout son sens par la lumière rétrospective qu'elle jette sur l'ensemble du roman ! Les flash-backs sont donc nombreux, qui, pour être dégustés, commandent d'avoir lu les chapitres antérieurs (je ne suis pas d'accord avec ce parti-pris 'intello-littéraire' qui voudrait que Proust puisse se lire dans le désordre !).<br /> <br /> Courageux aussi d'avoir tenté de mettre en image (avec la voix 'off' lisant cependant les phrases les plus explicites du texte) les 'éclairs' de souvenir qui, dans ce septième tome, vont faire éclater l'inspiration du narrateur et faire de lui l'écrivain qu'il voulait être : en effet, la "madeleine" est surtout célèbre pour se situer dans le 1er roman (que la plupart ont lu sans poursuivre leur lecture au delà), mais les expériences analogues racontées ici (les pavés descellés comme à Venise, le bruit de cuiller à café rappelant celui du chemin de fer, le toucher de la serviette évoquant la serviette de bain du grand hôtel de Balbec) sont analysées dans le roman avec beaucoup plus de finesse que l'expérience pâtissière du premier volume.<br /> <br /> Formidables, les quelques plans rappelant l'ambiance balnéaire de la Balbec de l'enfance ; audacieux d'avoir replacé le long épisode du baron de Charlus se consacrant à ses plaisirs masochistes en maison close... ; ébouriffants, tous ces noms connus qui passent le temps d'être simplement mentionnés parfois ou entr'aperçus à la matinée Guermantes ; cette ambiance de guerre (Paris encerclé par les Allemands) donne aussi une couleur particulière à cette fin de roman, que le film restitue assez bien, comme le personnage de Robert de Saint Loup ou celui de Bloch, que l'on retrouve assez fidèles.<br /> <br /> Ainsi ce film, quoique long et laborieusement fidèle à la trame du 'temps retrouvé' ne peut que passionner le lecteur préalable de l'œuvre écrite; à ce titre (celui d'une enquête, visant à retrouver dans chaque scène le souvenir du passage lu), il est plus réussi que celui de Schlöndorff.<br /> <br /> Cela étant, je m'interroge sur le plaisir que pourra y trouver le cinéphile qui n'a pas lu le texte ! En fait, je suis incapable d'imaginer ce que le spectateur 'vierge' de toute lecture préalable pourra apprécier, ressentir, comprendre même, tant sont nombreuses les connexions entre le film et l'histoire fouillée du roman : les flash-backs ne sont pas toujours aisés à ressentir, d'autant plus que Ruiz ajoute au récit une idée personnelle : faire apparaître dans le film l'écrivain Proust lui-même à côté du narrateur (qui ressemble furieusement au Proust réel, soit dit en passant)..<br /> <br /> Il me semble que ce spectateur vierge risque de trouver Catherine Deneuve assez quelconque (une grande scène est en revanche à mettre au crédit de Emmanuelle Béart : sa tentative de séduire son mari, comme elle suppose que Rachel le fait) ; de trouver les équivalents à la célèbre 'Madeleine' moins clairs que celle-ci ; ou les amours homosexuelles du baron de Charlus excessivement mises en épingle (et de fait, un des problèmes que je vois à avoir abordé l'oeuvre en sa fin, est la quasi totale absence d'Albertine dont l'existence, prisonnière puis fugitive, emplit pourtant le quart du total de 'la Recherche'.. ; au demeurant, je ne voyais pas du tout le baron de Charlus, fréquemment dépeint comme gros par le narrateur, sous les traits de John Malkovich...).<br /> <br /> De même, pour restituer le sentiment du narrateur que les invités de la matinée Guermantes ont terriblement vieilli, une grosse ficelle est utilisée par Ruiz : faire apparaître d'abord le personnage sous les traits d'un acteur âgé puis, le narrateur reconnaissant son interlocuteur, lui substituer les trais de l'acteur jouant réellement son rôle dans le film.. (bof ...).<br /> <br /> Je conclus comme précédemment : lisez Proust (c'est incomparable) puis regardez ce film, et celui de Schlöndorff : cela fait trois grands bonheurs (et des centaines d'heure échappées à la TV !)<br /> <br /> .. mais vous l'avez compris, je suis épris de littérature et égaré sur ce site de cinéphiles, par une recherche Google portant sur Proust ... ma présence est illégitime !<br /> <br /> Amicalement,
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S
http://pagesperso-orange.fr/marcelproust/adaptation_amour_de_swann.pdf<br /> <br /> ah oui, c'est parce qu'il y avait des parentheses dans l'adresse du site: je redresse le tir!<br /> <br /> Bien à vous
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