Un Amour de Swann (1984) de Volker Schlöndorff
Ah la légèreté pétillante de Charade, rohh la pesanteur terrible d'Un Amour de Swann. La mise en scène de Schlöndorff est plus proche de celle d'un éléphant que d'un cygne - en plus, dès le départ, cette coproduction au casting international se voit forcément contrainte au doublage multiple : si Jeremy Irons hérite, par chance, de Pierre Arditi (qui aurait mieux fait, tant qu'à faire, de le remplacer carrément : Irons, dont je ne suis pas vraiment fan, joue comme un fer à repasser, ne changeant pas d'expression du visage de bout en bout (la mine triste, le regard tout rond - et je ne parle point de son allure raide comme un tuteur de tomate)), la pauvre Ornella Muti, elle, se tape Micky Sebastian (!?) qui, d'après nos amis de Wikipedia, double Sharon Stone et Jodie Foster - affreux, on se croirait dans Les Feux de l'Amour. Bref, d'entrée de jeu on est vraiment refroidi, et l'arrivée de Delon, en Baron de Charlus, qui semble sous tranxène (il sortait de Notre Histoire et cuvait ses litres de bières ou il se préparait pour le rôle ?) ne vient pas franchement nous réjouir. Ah il y a de bien jolis décors et de belles toilettes, rien à dire, mais au niveau du feeling, on est à l'agonie. Dès que Jeremy Irons voit Ornella, soit il fait une crise de tétanie (se pique le type, po possible pour avoir un regard si dénué d'expression), soit il s'empresse de plonger vers ses seins qu'elle a gracieux, certes, la coquine (et qu'on nous montre amplement d'ailleurs, peut-être le seul intérêt pour être totalement franc... pardon). Leur scène au lit est aussi torride qu'un téléfilm sur M6 et on se prend tout d'un coup à penser que c'est quand même le gars Proust qui était à l'origine de la chose. On est d'autant plus déçu que la présence de Peter Brook et de Jean-Claude Carrière, entre autres, au scénar, pouvait laisser entrevoir un peu plus de flamboiement dans cette adaptation. Seule une réplique m'a vraiment mis en joie (pas le courage de feuilleter Proust pour voir si elle émane de l'oeuvre originale) lorsqu'Odette de Crécy (Ornella) demande à Irons (Swann) s'il pense qu'elle n'a pas de goût; il lâche un "Si, tu as ton goût" d'une causticité affreuse. Après, on sent bien qu'il ne pense qu'à fondre sur elle couchée sur son divan pour lui mordre le téton. Pas vraiment sous le charme non plus de la photo signée du grand Sven Nykvist, enfin peut-être est-ce dû tout simplement au fait que je ne sois jamais vraiment rentré dans le film. Me suis même mis à me marrer en reconnaissant ce pauvre Jean-Pierre Coffe en maître d'hôtel - qui balance malheureusement aucune tranche de jambon sur ces invités huppés. Bref, cela m'a un peu coupé dans mon élan de voir Le Temps Retrouvé de Ruiz qui m'a l'air, de prime abord, guère plus enthousiasmant... Des encouragements ?