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25 septembre 2009

L'Homme au Bras d'Or (The Man with the golden Arm) (1955) d'Otto Preminger

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Preminger donne un rôle en or au gars Sinatra et un personnage en platine à Kim Novak - et on pourrait ajouter un rôle en ferraille à Eleanor Parker vu qu'elle passe l'essentiel de son temps sur un fauteuil roulant mais ce n'est pas très urbain. Dès la première apparition de Sinatra qui revient de prison avec, en prime, une petite cure de six mois de désintox (accro le Frankie Machine - un nom au cordeau), le cinéaste capte le regard un peu perdu du Frankie et ne le lâchera plus. C'est un peu ce genre de film "à l'ancienne" - si cela veut dire quelque chose, mais en tout cas dans le bon sens du terme vu que c'est réussi-, où tout le scénar repose sur un personnage charismatique qu'on ne va pas perdre de vue une seconde. Quelques électrons autour de lui qui influencent plus ou moins bien notre Frankie : les personnages diaboliques (ceux qui le poussent à reprendre son taff de "dealer" - distributeur de cartes - et sont prêts à lui fournir en passant sa petite dose de drogue, le personnage féminin (Mrs Zoch Machine, Eleanor) qui tend à casser deux pattes à notre héros en l'enfermant dans la cage conjugale, et le personnage féminin rédempteur (Molly interprétée par une excellente Kim) une fille de boîte qui semble la seule à vraiment vouloir aider notre Frankie. Comme dans un flipper, Frankie Machine se cogne dans ces différents bumpers humains, certain risquant de l'envoyer directement en sortie, d'autres lui promettant une extra balle.

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Ce que Sinatra incarne parfaitement, sans vouloir dévoiler plus en avant l'intrigue (replongera, replongera pas ?; évoluera, n'évoluera pas ?; condamné d'entrée de jeu par son destin infernal ou capable de s'en sortir à la force du poignet ?...), c'est toute la fébrilité de son personnage. Dès le départ et malgré ses promesses de ne plus retoucher à la dope, on peut lire sur son visage qu'il essaie surtout de se persuader lui-même... alors que l'envie de dope, ce "singe", continue de le titiller en son for intérieur. Frankie a le choix entre retourner dans l'ornière, c'est à dire à sa vie d'avant en joueur de poker au long-cours, drogué, devant en plus s'occuper de sa femme "castratrice" : une véritable charge, dont il a la responsabilité, puisque c'est lui qui conduisait lorsque s'est produit l'accident dans lequel elle a perdu l'usage de ses deux jambes... ou bien, ou bien, tenter de tenir et repartir à zéro avec cette fille à fortiori "facile" mais qui est la seule véritablement à poser un regard protecteur sur le Frankie. Tout est possible mais quand on voit le manque de conviction dont le Frankie fait montre lorsqu'il se rêve en musicien, on peut avoir des doutes...   

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Reconnaissons que c'est filmé de façon relativement magistrale par Preminger sur une petite musique jazzy qui fuse. A mes yeux, l'une des séquences inoubliables de ce film est un long plan-séquence (au moins cinq minutes - mais il y en d'autres, dans le genre longue discussion (notamment entre Frankie et Kim)) dans lequel on retrouve Frankie accoudé au bar : il désire plus que tout lâcher ses vieux démons - arrêter la dope et le poker - lorsque les organisateurs des parties l'abordent en le frottant dans le sens du poil. Sans changer la caméra d'axe, la plupart du temps, mais en variant simplement la largeur de ses cadres, Preminger resserre sur un, deux ou trois personnages qui sont en pleine discussion : et le travail de sape est énorme; non seulement on propose à Frankie une somme considérable pour qu'il se "prète au jeu" mais, sur la fin, comme carotte, le boss lui parle de son propre goût immodéré pour les "bonbons" ce qui, forcément, renvoie Frankie à ses envies incontrôlable de dope. On assiste en direct live à toute la fêlure de ce personnage : notre Frankie, si décidé au départ, vacille de plus en plus sous les mots de ces tentateurs sans foi ni loi qui connaissant tous les démons du gars... Frankie suivra-t-il sa pente dangereuse, parviendra-t-il jamais à la remonter, sur ce simple postulat toute la tension du film repose. Et on finit le film presque aussi vidé que Frank Sinatra. Vainqueur ou vaincu, là est la question. Preminger se donne tout le temps pour camper ses différents personnages et finit par nous faire plonger dans son film comme Frankie Machine dans ses tourments de drogué. Accro-cheur et remarquable sur tout la ligne... 

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