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28 août 2009

LIVRE : La Société du Spectacle de Guy Debord - 1967

213690_gfLa Société du Spectacle, c'est balèze, et vous pouvez considérer cette affirmation comme un peu légère dans le genre critique littéraire, je le réaffirme : La Société du Spectacle, c'est balèze. Bon, je développe un peu : Debord s'attaque frontalement aux problèmes de l'économie mondialisée, de la lutte des classes, de la nécessité d'une révolution, en s'en prenant principalement aux représentations de la puissance bourgeoise, qu'il appelle "spectacle". C'est donc, je vous le confirme, un livre honteusement pro-anarchisme, ce qui ne peut que réjouir, mais c'est aussi beaucoup plus que ça. Car pour développer sa thèse d'une révolution qui se libérerait du fossé entre les classes, Debord utilise un style qui est très loin du désordre envisagé dans le fond : constitué de très courts modules très ordonnés, le style est hyper-pointu, d'une précision scientifique. Impression renforcée par ces numéros au début de chaque paragraphe, qui avancent inéluctablement vers un but très net. Ecriture très efficace, implacable même.

C'est vrai que le développement est parfois très ardu, et qu'il faut s'accrocher pour suivre le gars dans ses concepts fumeux autour de Hegel et de Marx, dans ses postulats stylistiques très complexes. On ne comprend qu'une partie de ce qui est dit, mais souvent, au détour d'une phrase, le sens de la formule à l'emporte-pièce surgit subitement avec beaucoup de clarté, et ça assomme bien son homme. On ne peut que vibrer devant la sincérité du bonhomme, devant sa volonté véritable de déclencher le goût du changement chez son lecteur. Supérieurement intelligent quand il s'en prend directement aux représentations bourgeoises du monde, le livre va très loin dans la dissection de la chose, allant jusqu'à déployer une sorte de mysticisme du spectacle à laquelle il s'oppose avec une belle force intellectuelle. C'est chaud à lire, certes, mais c'est aussi que Debord affirme très clairement la nécessité d'éduquer les masses par la théorie philosophique, afin de préparer une vraie révolution durable ; à ce compte, on lui en aurait voulu de vulgariser sa pensée, et on la trouve très bien comme ça, dans ses phrases absconses et ses longs passages mystérieux. Voilà un livre qui devrait inciter le révolté de base à agir autrement qu'en brûlant la poubelle de son quartier, en le faisant réfléchir en profondeur à l'endoctrinement dont il est victime. Tous ensemble, tous ensemble, hey !

Commentaires
G
Pas faux. Si en plus vous connaissiez mon métier, cher Buñuel, vous seriez encore plus plié.<br /> Bon, juste pour me défendre un peu : le directeur de MacDo a le droit de lire un livre de recettes de Bernard Loizeau. Je peux apprécier les théories de Debord sans les approuver complètement. On peut aimer le "spectacle" tout en le critiquant. Je vous rappelle de plus que Debord a fait des FILMS et des scénarios de théâtre. J'ai aimé ce livre (mais n'en ai compris qu'une partie), tout comme j'ai aimé les essais de Camus sans éprouver aucunement le besoin de me flinguer.<br /> Bienvenue dans les commentaires, camarade Buñuel.
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B
Vous faites rire... Un site dédié entièrement au spectacle, au regard-spectaculaire, des spectateurs qui découvrent Debord (avec un peu de retard, les gars) mais ne saurait le lire, le plus grand ennemi du spectacle et de l'image, termes que l'on doit saisir dans leur complexité, un livre que l'on trouve pourtant baleze (cool, les gars !) et aucune remise en question du regard ni de l'image, bravo chers réplicants du spectacle, bien vu/lu !<br /> <br /> 194<br /> L’ensemble des connaissances qui continue de se développer actuellement comme pensée du spectacle doit justifier une société sans justifications, et se constituer en science générale de la fausse conscience. Elle est entièrement conditionnée par le fait qu’elle ne peut ni ne veut penser sa propre base matérielle dans le système spectaculaire.
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