Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
18 août 2009

L'Inspiratrice magnifique (Magnificent Doll) (1946) de Frank Borzage

Petit intro juste pour signaler qu'il y a apparemment bataille pour la traduction française de ce titre : on peut trouver le titre littéral "Poupée magnifique", ou plus surprenant "L'Impératrice magnifique" : vu qu'il s'agit de la vie - diablement romancée, forcément - de Dolly Payne, future Dolly Madison considérée comme la véritable première "première dame des Etats-Unis", on ne voit guère le rapport avec le terme d'impératrice, voyez... Bref, le titre "L'inspiratrice magnifique" semble mieux convenir pour cette femme qui fut l'intime de deux grandes figures des Etats-Unis vers la fin du XVIIIème siècle (et jusqu'au début du XIXème), James Madison donc et Aaron Burr, vice-président de Jefferson et personnage très controversé, accusé en son temps de conspiration contre le gouvernement, avant d'être relâché.

vlcsnap_64459

Et le film dans tout cela, vous allez me dire, c'est bien gentil d'être précis (hum, j'en ris encore) mais qu'en est-il ?; franchement et à mon très humble avis, Borzage a un mal de chien à vraiment retrouver le panache et le rythme du passé. Malgré une Ginger Rogers au regard plein de fougue pour les hommes de sa vie et un discours final plein de verve devant la foule (c'est pas non plus la même émotion et le sens de la persuasion d'un James Stewart dans Mr Smith goes to Washington, soyons clair), malgré un David Niven d'une vraie noirceur en Aaron Burr qui écrase un peu avec sa rigidité inspirée le reste du casting, on a vraiment du mal à chavirer devant cette histoire romantico-politico-historique... On pense, au départ, qu'il sera surtout question des élans du coeur de la Ginger dont le première liaison tourne rapidement en eau de boudin. Suite à la promesse faite par son père de marier sa fille au fils de la personne qui lui a sauvé la vie (violons), notre pauvre Ginger se trouve embarquée dans un mariage, à reculons. Elle a beau prévenir le galant qu'elle ne lui dira jamais "Je t'aime", le type s'accroche et croit que le plus dur est fait avec la naissance d'un enfant. Notre Ginger bénéficiera de deux lignes de dialogue bien jolies ma foi : un "Love is not something a woman learns like reading and writing : it's something she knows, by heart" (subtil jeu de mot, nan?) et un magnifique "I love you too late" alors que son type est tout froid sous elle, mort de la peste...

vlcsnap_64927

Ginger recommencera une nouvelle vie et ouvrira avec sa mère une maison d'hôte où elle fera d'abord la connaissance d'Aaron Burr : le type est frontal dans son approche, et bien que Ginger (lorsqu'elle rencontre juste après James Madison, virginien comme elle) est toute attendrie, on se dit que le James ne pèse pas lourd devant le regard d'acier du Aaron. C'est mal connaître notre héroïne qui, après un premier mariage forcé, se donne le temps de connaître à fond les deux bougres. Si physiquement, y'a pas photo, Aaron remporte le morceau aisément - en plus il fait super bien du cheval, ça joue -, Ginger demeure surtout sensible au discours politique de chacun : lorsqu'elle se rend compte qu'Aaron est un dictateur en puissance alors que le James, un peu quiche comme cela d'aspect, certes, est totalement dévoué à la défense, entre autre, de la liberté dans sa nation, son coeur chavire et elle envoie le Aaron dans les cordes. Les deux ex-amants se retrouveront plus tard mais, à chaque fois, il sera finalement plus question de politique que de sentiment; le plaidoyer final de la Ginger pour le respect fondamental des lois de son pays, devant une foule prète à partir en quenouille, part d'un bon principe mais fait tomber le film dans un petit côté gentiment didactique : c'est plein de bonne foi mais on ne vibre finalement guère - la Ginger a beau pousser sa voix au max devant une bonne centaine de personnes, on remercie surtout l'ingénieur du son d'avoir coupé, pour l'occase, les bruits de fond. Borzage a vraiment du mal à me convaincre avec ces productions "historiques" en costumes ; heureusement, il prouvera avec le très sombre Moonrise, trois ans plus tard, qu'il en a encore sous la pédale.   

vlcsnap_66749

à l'aborzage ! clique

Commentaires
Derniers commentaires