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14 août 2009

Sang et Or (Body and Soul) (1947) de Robert Rossen

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Robert Rossen réalise un film carré comme un ring, au noir et blanc punchy et interprété comme un gant par John Garfield dans le rôle du boxeur et par deux gonzesses à tomber K.O., la douce Lilli Palmer (Peg) à ma droite et la volcanique Hazel Brooks (Alice) à ma gauche. Dix petites minutes d'introduction pour nous montrer un John à la dérive à la veille du combat de sa vie : il cauchemarde sur la mort d'un proche, va s'excuser auprès de la douce Peg, guère crédule, pour son comportement de gros lourd... avant de finir, alcoolisé, dans les bras d'Alice, et cerise sur la gâteau, ce type que tout le monde appelle "champ" semble s'être totalement vendu à son pourri de manager. Comment a-t-il fait pour en arriver là ? Vous faites bien de poser la question, on va justement se taper un flash back d'une heure vingt. 

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Le cinéaste évite de faire un film centré sur la boxe et c'est tout à son honneur. Il recentre le débat sur un John qui déploie peu à peu ses ailes, rencontre rapidement la parfaite girlfriend - une peintre... avec un boxeur, cela ne peut que s'équilibrer sur une balance - et se fait dévastateur sur le ring. Seulement le succès monte très rapidement à la tête, ma bonne dame, prenez simplement l'exemple de Nicolas Sarkozy si sympathique auparavant et... C'est pas un bon exemple. Bref, le pognon afflue, il cède peu à peu aux avances super discrètes d'Alice qui a des jambes pour lesquelles je vendrais une de mes oreilles, délaisse complètement cette pauvre Peg, et passe la plupart de ces journées à dépenser sa thunasse comme un malpropre (casino, champs de course, vison, collection complète et originale de Balzac...). Tant et si bien qu'il en perd totalement son âme; il finit d'ailleurs par se faire manipuler comme un gant de crin par son manager qui lui demande de se coucher au prochain combat; ainsi notre John remboursera ses dettes et pourra même se faire, au passage, un petit pactole en pariant contre lui-même. John, ce gagnant si pur, touche le fond et cet ultime combat tronqué risque bien de lui faire perdre le peu d'honneur et d'estime qui lui restent. Retour au présent, il nous reste dix minutes de film pour que la lumière se fasse sur ce destin, totalement ravagé de l'intérieur ou sauvé in extremis...

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Certes, le dernier combat de boxe manque un tout petit peu d'intensité, mais l'on sent bien que pour Rossen l'essentiel est ailleurs : tout demeure avant tout une question de dignité humaine (plus de fond que de forme donc) et ce n'est pas un hasard, d'ailleurs, si les types de son quartier demandent au John, héros de la communauté juive, de se battre et de gagner en l'honneur de son sang, alors que de l'autre côté de l'Atlantique ces mêmes Juifs sont en passe d'être exterminés. Garfield symbolise également parfaitement la difficulté à se battre pour un chtit gars issu du peuple contre la machine à broyer du capitalisme, du sport-spectacle où l'argent est roi : les boxeurs ne sont que de la chair à gnon que l'on sacrifie sur le ring, les "metteurs en scène", sans aucune foi ni loi, de ces combats s'en mettant au passage plein les fouilles. Aujourd'hui, certes, cela fait longtemps qu'on s'est fait une raison, à l'époque, il s'agissait d'un sale pavé dans la mare aux dollars... Parfaitement huilée, cette belle petite mécanique de Rossen ne manque pas de punch ni de panache.   

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