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13 août 2009

Tenue de Soirée (1986) de Bertrand Blier

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On a beau connaître ce film résolument par coeur, difficile de ne point prendre malgré tout son pied  à retrouver Depardieu, 200 kilos, en slip léopard, Michel Blanc plus convaincant que Sylvie Testud en Françoise Sagan et Miou-Miou qui chioune comme jamais. L'incipit est comme d'hab un véritable feu d'artifice, les deux-trois premières séquences enquillant répliques frauduleuse sur répliques crapuleuses. Blier est un parfait artisan de l'absurde quand il 18880900_w434_h_q80s'agit d'ouvrir un film avec seulement trois personnages. Depardieu en bienfaiteur sorti de nulle part ne tarde point à gagner le coeur de notre bonne Monique (Odile? Monique? Monique. (...)); pour le pauvre Antoine - Michel Blanc, imbattable avec ses airs d'épagneul breton chauve - il faudra encore un peu de temps pour que celui-ci consente à se faire enculer. Ah ben oui, le verbe de Blier est direct, mais il le fait tout de même avec plus de finesse que les autres. Blier semble finalement ici pousser jusqu'au bout, enfin serait-on presque tenté de dire tant cela était déjà sous-jacent, la logique des Valseuses et de Préparez vos Mouchoirs : les deux potes "amateurs de gonzesses" (le côté ultra romantique du Bertrand) étant plus faits pour vivre l'un avec l'autre qu'à s'emmerder avec une chieuse (le côté ultra machiste du Bertrand). Depardieu et Blanc nous donnent un véritable récital (Bravo! Bravoo! Bravooo!), la grosse masse au petit coeur qui suinte face au tristoune bout de bois plein de nerfs : la scène de drague entre Depardieu et Blanc est absolument impossible sur le papier, mais on finirait presque par y croire tant Depardieu est à mourir quand il se met à susurrer son texte - non pas que cela devienne vraiment crédible, n'exagérons rien, on lâche juste l'affaire pour concéder avec complicité une victoire au Gégé avec ses petits yeux tout effarouchés.

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Alors, certes, c'est un leitmotiv, le film s'arrête au bout de quarante minutes - l'arrivée de Cremer - comme si Blier avait un mal de chien, encore et toujours, à rebondir. Non pas que la seconde partie soit complètement ratée (on a droit encore à notre lot de répliques ingérables : "Mais enfin, y'a pas besoin de savoir lire pour lire le journal. C'est de la merde le journal. Ca pue. Ca donne, ça répand des mauvaises odeurs dans la tête des gens". Sans parler de l'incontournable : "C'est le corps enseignant qui nous fout la vérole, le voilà mon diagnostic"), c'est juste un peu plus poussif dans l'enchaînement des dialogues, les personnages de passage (Crémer, donc, Creton...) sont d'un bloc et l'atmosphère, malgré une musique gainsbourguissime qui vient en renfort, se délite. Ceci dit, faut reconnaître que derrière ces mots et ses situations à se tordre, Blier demeure encore et toujours un grand pessimiste, continuant de nous asséner qu'on est tous en cellule, qu'il ne sert de crier quand on est en liberté parce qu'il n'y a "pas de gardien" : qu'en gros on est désespérément en transit et qu'en plus pour communiquer avec ses pairs, "faut gueuler pour se faire entendre : personne n'écoute personne". La noirceur évidente du Bertrand alors au summum de sa forme entre comédie hilarante et drame délirant - avant bien sûr d'écrire, quelques années plus tard, le magnifique et sublime Pédale dure - bah, si on a plus le droit de déconner, ça va... Plus dure sera la chute, certes, mais Tenue de Soirée demeure indubitablement un must de nos années 80.      

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