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2 juillet 2009

La Habanera de Detlef Sierck (alias Douglas Sirk) - 1937

vlcsnap_224811En 1937, Detlef Sierck ne s'appelait pas encore Douglas Sirk, et ne l'était pas non plus. Pour tout dire, cette Habanera est assez poussive et inintéressante, et le style du gars manquait encore clairement de précision. On est là dans le mélodrame pur jus, teinté d'un soupçon d'exotisme (ça se passe à Puerto-Rico), d'une larme de comédie musicale (quelques romances tire-larmes) et d'un soupçon de drame politique. Quand on dit ça, on imagine à peu près ce que ça peut donner : eh bien, c'est exactement ça, et le film avance sans surprise, sur des rails très pépères qui sentent l'artifice à plein nez. Est-ce la faute de ce scénario de série rose, de cette actrice fadissime, du manque d'invention dans les évènements, de l'aspect franchement surranné de la production ? Je ne sais pas trop, tout prêt à mettre ça sur le dos d'un Douglas Sirk un peu flou dans son discours, qui voudrait condamner la toute-puissance économique face au malheur, exalter la vraie vie et l'amour pur face à la jalousie et au pouvoir, mais qui sert finalement un pvlcsnap_165001eu le contraire : un regard légèrement condescendant et colonisateur sur un peuple (par ailleurs relégué au second plan comme un décor), une déification du "Home sweet home" à travers une héroïne en mal de patrie et une eshétique en plastoc.

On sent qu'il y a du potentiel, je ne dis pas, dans cette utilisation toujours très raffinée des décors. Il y a notamment une jolie séquence de chanson centrée autour d'une femme malheureuse, sur laquelle tous les regards convergent à travers l'espace dans un très beau mouvement d'ensemble. Sirk utilise encore une fois merveilleusement les cloisons ou les miroirs pour décupler les rapports entre les acteurs, et fait preuve de beaucoup de sensibilité dans les déplacements de caméra (les très légers recadrages de afce sur les personages pour venir capter la ch'tite émotion furtive). Mais pour cette fois, le tout est plutôt fade, le film ne trouve pas son ton, et on tombe très vite dans une mièvrerie assez poussive. On imagine ce qu'un vlcsnap_197961Buñuel, par exemple, aurait pu faire de cette histoire d'amour qui s'étiole au sein d'une île gagnée par une fièvre mortelle, ce qu'il y aurait mis de moiteur et d'érotisme ; Sirk peine à définir ses ambiances, et cède vite à un exotisme de pacotille assez douteux. Renseignements pris, 1937 correspond pour lui à une période trouble, où il hésitait entre rester en Allemagne et devenir un collaborateur des nazis, ou fuir ce régime qu'il refusait : ça se sent un peu dans ce film qui tourne autour du pot, qui ne dit rien, qui reste timoré et lisse. Quelques cadres glamour, un ou deux traits de comédie, et un rythme chaloupé assez bien senti sauvent un peu la chose, mais on cherchera sans succès l'incandescence de ses films plus tardifs. Pour lectrices de romans de plage.

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