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Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
21 juin 2009

My Dinner with André (1981) de Louis Malle

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Voilà longtemps que je guettais la sortie dans la collection Criterion de ce film que je n'avais point encore eu l'opportunité de découvrir. Malgré la fatigue accumulée ces derniers temps (rassurez-vous dans 15 jours, je fais un gros break) et le ciel ultra lourd de Shanghai, le film qui repose au niveau de la mise en scène sur apparemment presque rien (une longue conversation à table entre deux hommes - mais mise en scène, il y a, forcément) est définitivement captivant. Certes, "l'entrée" en matière lorsqu'André raconte ses différentes expériences ésotériques de ses dernières années pourrait vous faire tomber les couverts des mains. Mais c'est toujours lorsqu'on prend la peine de s'accrocher au départ que le plaisir finit par survenir... A mesure que notre concentration s'aiguise, la conversation entre les deux hommes prend son envol et on ne tarde point à rentrer dans la substantifique moelle de ce repas peu ordinaire (ou si ordinaire, c'est selon): si André, pour faire très court, évoque son impression d'avoir vécu pendant longtemps "comme un robot" et que ses diverses expériences récentes lui ont faire prendre conscience d'une autre réalité, d'une autre profondeur, d'une autre dimension de la vie, Wally, sans pour autant le contredire totalement, évoque le plaisir qu'il prend à mener sa petite vie quotidienne, pleine de petits plaisirs : lorsqu'il évoque notamment son évident bien-être depuis qu'il a fait l'acquisition d'une couverture chauffante, André s'immisce dans la brèche pour lui montrer justement à quel point ce petit confort personnel le coupe du monde alentour, d'une certaine "empathie" pour le reste de l'humanité. J'évoque ce petit point mais de nombreuses aspects sont débattus avec un réel brio : le rôle que chacun prend à jouer dans sa vie, le besoin de se créer constamment des buts, l'amour, l'argent, la mort... rien que cela.

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Chacun écoute l'autre avec la même patience, respecte fondamentalement le point de vue débattu par l'autre et le spectateur d'assister à la discussion avec la même attention. Si Wally ressort de ce dîner avec l'impression d'avoir un regard aiguisé sur les choses, avec un angle d'approche différent de la réalité, il en est de même du spectateur qui ne peut, a posteriori, que cogiter sur certaines idées qui ont été lancées. Difficile en un paragraphe d'en faire ici le bilan tant le film se savoure en tant que tel (plus un plaisir de gourmet que de consommateur de buffet-blockbuster, certes) et semble devoir porter "ses fruits" en y réfléchissant, en repensant à tel ou tel aspect (notre façon d'agir en fonction du propre rôle dans lequel on s'est soi-même enfermé, notre propre perception des autres, notre difficulté parfois à faire face à la solitude, le besoin vital de se confronter à ses propres émotions...) ou en le revoyant (le propre d'un dîner étant forcément d'être répété quotidiennement... De là à revoir le film tous les jours, faut tout de même pas pousser...). Qui plus est, le film constitue une véritable mise en abîme de cette mise en scène quotidienne de l'être puisque les deux "acteurs" jouent ici leur propre rôle. Même si le dispositif filmique de Louis Malle demeure relativement minimaliste - le bon vieux champ/contrechamp la plupart du temps -, sa caméra semble saisir au bond chaque parole comme refusant le gras de quelconques effets spéciaux. Une expérience cinématographique en tant que telle et un dîner aussi passionnant qu'une bonne conversation attentive entre amis de longue date. Nourrissant.   

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