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14 juin 2009

Paroles d'Appelés (Sida Propos) de Raymond Depardon - 1995

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Paroles d'Appelés est à ma connaissance le seul exemple de documentaire raté de la part de Depardon. Gêné par la commande du ministère de la santé sans doute, ne trouvant pas sa véritable place par rapport à ses témoins, pressé visiblement par le temps et ayant du coup mal préparé son coup, Depardon échoue pour cette fois à faire émerger une parole vraiment sincère et non-formatée. Il faut dire que le principe est un peu biaisé d'entrée de jeu : défilent devant la caméra une vingtaine de jeunes appelés sensés livrer leurs impressions sur le sida, sur l'emploi du préservatif, sur la sexualité, sur la fidélité, etc. dans le but d'édifier les gens de leur âge qui verront ce film. Depardon ne connaît pas ces garçons qui défilent devant lui, les prend comme ils viennent, leur pose des questions un peu vagues, acceptant même de les recevoir par deux. Deux problèmes : en présence de leur pote, les gars ont forcément un discours un peu faussé, à l'image des deux loulous à la fin qui se la jouent caillera et jolis-coeurs ; et face à Depardon, austère et peu amène interviewer, on les sent souvent sur la réserve, mal à l'aise pour parler d'un sujet qui aurait au contraire mérité une totale sincérité.

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Et puis, faute de vraie réflexion de la part du cinéaste, le film finit par montrer l'inverse de ce qu'il prétend faire : le sida, au vu de ce film, serait une affaire de garçons hétérosexuels et jeunes, et le film omet de parler des autres (en gros, les femmes, les vieux, les homos). On sent les gars préoccupés d'apparaître comme responsables, et on doute un peu de leur sincérité quand ils brandissent les slogans pro-capotes que le ministère attendait probablement d'eux. Trop de dispositif (plan fixe devant un écran blanc, noir et blanc, rapidité des échanges) tue l'immédiateté, et la confiance entre filmeur et filmé n'est cette fois-ci pas au rendez-vous. Un film presque anti-depardonnien.

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