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11 juin 2009

La Princesse aux Huîtres (Die Austernprinzessin) (1919) d'Ernst Lubitsch

Autre comédie burlesque dans laquelle Lubitsch s'en donne à coeur joie au niveau de la mise en scène. On sent bien qu'il met un point d'honneur à réaliser ces véritables tableaux où une foultitude de figurants se trémoussent sur un rythme endiablé (la scène du fox-trot, la danse la plus décadente avec le pogo) ou agissent à l'unisson (la vingtaine de secrétaires qui tapent sur leur machine, les trois-cent-cinquante  serveurs répartis sur plusieurs lignes qui servent le repas de noces). Au niveau du scénario, cela ne va pas forcément chercher midi à quatorze heure - la princesse du roi des huîtres veut absolument se marier avec un prince; dans la précipitation, elle se marie avec le pote de celui-ci avant de recroiser, par hasard, le prince dont elle tombe raide dingue - mais certaines séquences sont pleines d'une bouffonnerie revigorante.

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Le roi des huîtres, un gros lourdaud, se rend aux pas de courses entouré de ses quatre serviteurs black dans la chambre de sa fille. On sait depuis Je ne voudrais pas être un Homme qu'Ossi Oswalda est une véritable furie quand elle décide de tout péter; pour le coup, elle fait vraiment du zen dans sa chambre. La cause de sa crise de nerfs ?: la fille du roi du cirage vient de se marier avec un comte, elle veut son prince. Le pôpa alerte donc un marieur dont les murs sont ornés jusqu'au plafond de photographies - une vraie base de données à portée d'échelle. Il contacte un prince déchu qui va envoyer son pote en éclaireur. Ce dernier, qui n'a pas l'air d'avoir inventé la poudre, patiente des heures, le temps que l'Ossi se fasse pouponner par son armada de servantes. Lorsque celle-ci sort enfin de son bain, elle daigne aller voir le type, le trouve terriblement stupide mais se marie avec dans la foulée. Notre homme ne cherche pas vraiment à comprendre, il se pète le ventre comme un malade et boit comme un trou à la noce, et il se permet même entre deux séquences de s'adresser à la caméra avec son air bêta. On suivra ensuite l'Ossi lors de sa virée avec ses amis de la ligue antialcoolique - un vrai délire : elles font défiler devant elles des types complètement bourrés et lorsque l'un d'eux leur plaît, elles organisent un match de boxe géant pour décider de celle qui a le droit de l'embarquer. Cela nous donne une séquence chaplinesque avec notre Prince qui hallucine au milieu de ces femmes boxeuses. L'Ossi, qui se bat pourtant comme une tanche, remporte le combat et se barre avec le Prince sous le bras... Vu qu'elle est mariée - nominativement - avec lui, tout finit plutôt bien.

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On a souvent l'impression que tous les personnages sont un peu sous ecsta, notamment ce chef d'orchestre qui, lors de la danse de la noce, tortille des fesses comme un beau diable - il doit sûrement s'identifier en secret à Elie Semoun... - ben nan, le ridicule ne tue point. C'est bourré de petites trouvailles de mise en scène - le prince qui part picoler avec ses amis : sur la route du retour, la petite bande se désagrège petit à petit, chacun s'effondrant sur le premier banc qu'il croise; son pote qui fait les cents pas en attendant l'Ossi et qui s'amuse avec ce qu'il peut... - . Bref, on s'ennuie pas une minute à la vision de ces petites vignettes comiques lubitschiennes.

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